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Écrire, pour soi ou pour les autres ?

Je suis en plein dans la lecture d’un récit de vie, et je me demande : Pour qui ce livre a-t-il été édité ? Pour l’auteur ou pour le lecteur ?

Je l’ai déjà exprimé à plusieurs reprises, j’aime apprendre quelque chose dans les livres, que ce soit du roman, de l’essai ou du récit. J’aime en sortir grandie, un peu différente. Je tire une grande satisfaction de chaque apprentissage et ma principale source d’information se trouve dans les ouvrages.

Il y a des écrits poignants que j’ai pu parcourir, qu’ils concernent l’Histoire ou des témoignages plus personnels. Inceste, burnout professionnel ou personnel, handicap, poids de la société, réflexion sur la religion… j’ai lu énormément de tranches de vie, ces petits morceaux de vécus que les auteurs, aguerris ou écrivains en herbe, ont le désir de partager avec le reste du monde.


Mais aujourd’hui, je me rends compte que ce n’est pas toujours une bonne chose que de vouloir absolument éditer ce qui nous passe par la tête. Écrire, oui, ça peut être thérapeutique, voire même salvateur, mais la publication ? C’est un cap quand même, c’est livrer au monde entier ce qui nous a traversé à un instant T, que cet instant soit fugace ou un peu plus long.

Qu’est-ce qui motive à se donner comme ça ? l’auteur se pose-t-il la question de ce que ça va apporter au lecteur ou ne pense-t-il qu’à son égo ? parce qu’être édité, c’est ça aussi, c’est une manière indirecte de céder à un désir de reconnaissance, de valorisation. C’est pêché d’orgueil.



Alors attention, là, je mets un sérieux bémol. Bien sûr que c’est orgueilleux de vouloir être lu par un maximum de monde, mais c’est humain. On a tous un peu de ce péché capital en nous, c’est naturel, il n’y a qu’à voir les essors phénoménaux des influenceurs et autres Youtubeurs (délicieusement décrits dans Les enfants sont Rois de Delphine de Vigan d'ailleurs!) . Et je mentirai en disant que je ne m’en rends pas moi-même coupable : factuellement, je livre mes ressentis et mes pensées sur un blog qui est promu sur tout un tas de réseaux sociaux et je suis ravie d’être lue un peu partout dans le monde.

Mais ma question repose davantage sur ce que l’écrivain veut apporter, offrir, donner, au lecteur et sur l’acceptation de la non-adhésion. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’un « petit auteur », qui se lance dans l’écriture avec toutes ses tripes et qui attend, espère, que tout le monde saluera son manuscrit. Après tout, un éditeur l’a publié, comment serait-il acceptable qu’un petit lecteur de rien du tout n’aime pas ce qui est écrit ? et qui est ce lecteur de toute façon ? quelqu’un qui n’y connait rien sans doute…


Parce qu'écrire des livres, ce n'est pas rien : tout le monde sait écrire, mais tout le monde n'est pas écrivain. Joël Dicker


Bref, je suis partagée, embêtée, pour ne pas dire déchirée. Parce que d’un côté, j’encourage vivement à écrire et à se lancer mais d’un autre côté, j’attire l’attention sur le danger de se donner en pâture comme ça, tout entier, surtout quand on est fragilisé.


Mon côté « fais plaisir » est en pleine rébellion là, parce que je sais que je ne devrais avoir que des mots encourageants pour les jeunes auteurs. Mais d’un autre côté, mon côté « sois parfait » est lui aussi en lice et non, je ne peux pas valider certaines choses. Certains romans ou récits ne devraient pas être édités tels quels, il y a des choses qui ne collent pas, qui ne vont pas, qui dérangent carrément. Ou bien c’est que le sujet et le personnage me touchent de trop près et mettent à mal mes émotions. Mais j’ai la prétention de croire que je peux faire la part des choses et que, même connaissant l’auteur, je peux dire en toute honnêteté : "Oui, je trouve ça bon" ou "non, il y a quelque chose qui ne va pas".


Un auteur qui livre son histoire est très courageux, mais dans certains cas, je ne comprends pas ce qu’il donne au lecteur. Parce que pour moi, la richesse des livres, c’est d’abord ça : donner. Donner à apprendre, donner à découvrir, donner à voyager, donner à réfléchir…

En tant que lectrice, je ne comprends pas quelle est la plus-value que l’on tirera de certaines lectures. En tant que personne, je m’interroge sur le pourquoi prendre ce risque.


On sait que la terre entière n’est pas peuplée de personnes ayant les mêmes goûts et la même sensibilité. On sait que ce qui plaira aux uns déplaira aux autres. On sait aussi, dans certains cas, que nous sommes fragilisés par ce que nous avons vécu et que si on le publie, c’est qu’on doit être assez forts, assez costauds, pour s’entendre dite : "non, je n’ai pas aimé".


Notre égo nous fait croire que nous sommes totalement uniques mais on veut tous la même chose ou presque : de l'amour, de l'indulgence et du chocolat (Dr. House)
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