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1984

George Orwell

Comment décrire et résumer cette dystopie connue et reconnue par tous, ne serait-ce que de nom ou par son symbole, Big Brother... ?

Je ne sais pas. Je sors déroutée de cette lecture. Déroutée et dégoûtée à dire vrai.


L'action se déroule en 1984. Ou pas. On ne sait pas vraiment. Parce que cette société que l'on découvre à travers notre narrateur, Winston, a pour habitude de réécrire son passé au gré de son présent. Entre autres. La liberté de pensée n'existe pas, d'ailleurs les mots "liberté" et "pensée" en eux-mêmes n'existent plus dans la nouvelle langue développée par le Parti. Le néo-langage est la seule langue visant la diminution du nombre de mots, de manière à astreindre les esprits : il ne s'agit plus de réfléchir ni de penser par soi-même, cela va à l'encontre du Sociang.


Winston donc. Il est dans proche de la quarantaine. Vit seul puisqu'il a été séparé de sa femme avec laquelle, de toute façon, il ne faisait que remplir le contrat conjugal imposé par le parti. Il travaille au Ministère de la Vérité, et réécrit les articles et œuvres du passé en fonction des évènements présents. Le monde, divisé en trois puissances, est en guerre perpétuelle et on ne sait jamais vraiment qui est contre qui et pourquoi. Mais cela importe peu. Ce qui importe, c'est l'idée même de la guerre et donc de la dépendance, du chauvinisme et du patriotisme.


Mais Winston doute. Il doute du bien-fondé de ce qu'il voit, de ce qu'il vit, de ce qu'il fait. Il doute du bien et du mal, il doute de Big Brother et du Parti, parce qu'il a eu entre les mains, sept ans auparavant, la preuve que des révolutionnaires avaient été jugés et condamnés à tort. Depuis lors, il tente de se dissimuler et de conserver sa capacité de jugement et de mouvement, en se cachant des "télécrans", en se rendant chez les "prolos", en écrivant à la main, seul chez lui, et en vivant une histoire d'amour avec une jeune femme que rien n'intéresse à part lui.

Winston va jusqu'à s'intéresser de (trop) près à "la Fraternité", mouvement révolutionnaire dont on dit qu'il veut renverser le pouvoir et le Parti. Notre héros s'imaginera des connivences et des collaborations, une possibilité de renverser Big Brother, une opportunité de liberté et de retour à un monde libre.


Orwell dresse le portrait glaçant d'une civilisation esclave d'un gouvernement obnubilé par le pouvoir et la manipulation des masses. Il revient sur les limites des régimes extrémistes des années passées (nazis, communistes...), en tire des enseignements pour construire, dans son imaginaire, la pire société qu'on puisse imaginer. Une société où rien d'autre que ce que les médias disent n'a de valeur. Une société où les cerveaux ne fonctionnent plus par eux-mêmes. Une société où l'amour n'existe plus, où les échanges humains n'ont plus cours et où le seul contact qu'une personne puisse avoir serait Big Brother.


Glaçant et terrifiant, je sors de cette lecture à la fois effrayée et soulagée. Effrayée de ce qui pourrait advenir si on n'y prend garde, soulagée de conserver mon libre-arbitre, de vivre dans une époque et une civilisation où je n'ai pas à avoir peur de mes proches, où je peux aimer et être aimée, comprendre et être comprise.



Au fond, peu importe qu'O'Brien soit son ami ou son ennemi. C'est un homme à qui parler. Peut-être est-il moins crucial d'être aimé que d'être compris.
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