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Emma

Jane Austen

La lecture de ce classique de la littérature britannique a tiré sa motivation dans le titre et dans la coïncidence (ou pas) à enchaîner les romans dont les titres sont des prénoms chers à mon cœur. Après mes nièces Agathe et Alma, voici donc ma filleule Emma.


L'influence de la vanité sur une cervelle fragile engendre toutes sortes de désastres.

Emma Woodhouse est une jeune fille de 21 ans, vivant avec son père veuf. Le mariage de leur gouvernante/ dame de compagnie chamboule l'équilibre de la maisonnée et Emma décide de se consacrer au bonheur d'une jeune femme de son voisinage : Harriet. Elle a dans l'idée de lui inculquer les bonnes manières et surtout d'en faire l'épouse du délicieux pasteur, M. Eton. Mais ses plans rencontrent de nombreuses déconvenues et obligent l'héroïne à réfléchir, manigancer, s'adapter... Elle, convaincue d'être une entremetteuse de premier ordre ne voit pas arriver ce qui lui pend au nez et que nous lecteurs devinons très rapidement. Aveuglée par les ambitions qu'elle nourrit pour les autres, elle vit en quelques sorte par procuration.


L'écriture de ce roman est fluide, cousue de fil blanc. ll y a des rebondissements à la hauteur du contexte de la société décrite (c'est à dire pas très élevés), et des personnages qui rivalisent de cordialité et de convenances. Cela peut paraître, avouons-le, très ennuyeux. Mais il n'en est rien.


La protagoniste paraît tour à tour des plus sympathiques et des plus désagréables. Elle a une très haute opinion d'elle-même, mais pas assez cependant pour deviner qu'elle puisse être aimable autrement que par amitié. Elle reproche beaucoup de choses aux personnes qui l'entourent et le regard du 21ème siècle ne trouve pas toujours de justification à ses antipathies. Mais se mettre à la place du personnage et tenter de se plonger pleinement dans le contexte, accepter la différence de mœurs entre la France de 2021 et l'Angleterre du 19ème siècle aide non seulement à comprendre mais également à apprécier Emma pour ce qu'elle est : une jeune femme de la haute société provinciale qui s'ennuie ferme et qui range les personnes gravitant autour d'elle dans deux catégories : des alliées ou des ennemies.


Il est certain que les sottises cessent d'être telles si elles sont faites avec insolence par des gens intelligents.

Ce roman concentre à lui seul tout ce qu'il faut pour faire rêver et vibrer les jeunes filles romantiques : une héroïne belle, talentueuse et charismatique, entourée de personnes à la fois aimantes et aimables. D'autres personnages beaucoup moins agréables mais qu'il faut supporter malgré tout. Des manigances et des retournements de situations, des couples imaginés et d'autres réels, des bavards, des timides, des fiers, des humbles,... toute une société en somme qui reflète parfaitement ce que devait être la vie à cet endroit à ce moment donné.


J'ai trouvé quelques longueurs de temps en temps, et une de mes erreurs aura sans doute été d'attendre la même qualité que dans Jane Eyre qui est un de mes romans de chevet. Mais Jane Austen se défend bien, vraiment et au final, je suis ravie de ce moment de détente avec elle et ses personnages somme toute très attachants !


Je dois certainement être amoureuse, se dit-elle ; cette sensation de fatigue, d'ennui, ce dégoût de m'asseoir et de m'appliquer à une tâche quelconque, ce sont là tous les symptômes de l'amour.

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