Anne Cathrine Boman
J’imagine ne pas être la seule, de temps en temps, à ne me saisir d’un roman que parce que le titre m’attire. C’est ce qu’il s’est passé avec celui-ci. Je n’ai même pas regardé de quoi ça parlait. Je ne me suis arrêtée qu’à ce mot : Agathe et à la petite ligne traduit du danois par… c’est tellement surprenant de trouver ce joli prénom associé à la Scandinavie. Et ça me touche directement.
Le narrateur est un thérapeute de 71 ans. Dans 6 mois, il sera en retraite. Il compte littéralement les derniers rendez-vous avec ses patients avant son départ. Et sa secrétaire accède, contre son gré, à la demande d’une jeune femme de commencer un suivi avec le vieux psychologue.
Cette jeune femme, c’est Agathe. Allemande arrivée en France il y a peu de temps, elle souffre dans sa chaire de ne pas savoir qui elle est, à quoi elle sert, quelle est sa place. A sa manière de parler, de se comporter, elle va déstabiliser la pratique et la vie du psychologue qui va s’interroger lui-même sur ce qu’il est et ce qu’il va devenir, sa relation aux autres, sa relation à la mort, son utilité en dehors de son métier. A- t-il seulement une existence ? Pour qui et sur qui peut-il compter ?
Ce très très court roman interroge sur notre rapport à la vie et à la mort, nos interactions avec les autres, nos capacités à nous plaindre sans arrêt et à ne pas faire une pause pour se poser les bonnes questions avant qu’il ne soit trop tard. Il suffit parfois de très peu de chose, une rencontre en l’occurrence, pour que commence la prise de conscience et l’envie de changement. Agathe, femme précieuse comme la pierre, avec ses peurs, ses doutes, sa perspicacité permet à notre héros et au lecteur d’entrer dans un processus d’auto-analyse et de mouvement.
J’avais peur, lorsque j’ai constaté que c’était encore un bouquin sur la dépression et la thérapie. Je me suis dit « oh non, je n’ai plus envie de ça, j’ai envie d’aventures ! », mais je suis ravie de ce petit moment d’interrogations et d’acceptation, ce petit moment de thérapie et de changement, avec Agathe.
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