Timothée de Fombelle
C’est le titre d’abord qui m’a attirée vers ce roman « jeunesse ». Un si joli prénom, c’est forcément annonciateur d’un beau roman. Et la quatrième de couverture n’a fait qu’attiser ma curiosité.
Alma est une jeune fille de 14 ans. Elle est Oko et vit avec ses parents et ses deux frères dans une vallée où il n’y a personne d’autres qu’eux. Ils sont heureux, protégés du reste du monde. Mais Lam, le petit frère, a des envies d’ailleurs et profite d’un matin, de la pluie et d’un cheval blanc pour s’enfuir. Alma sait qu’elle est responsable, elle part donc à la recherche de son cadet. Ensuite, c’est l’escalade dans le démembrement de cette belle famille.
Nous sommes à la fin du XIXème siècle et la traite négrière bat son plein. D’ailleurs, La Douce Amélie, est à quai et absorbe tous les captifs possibles. A son bord, Joseph Mars, jeune mousse de 14 ans qui détient un secret lui permettant de rester indispensable au violent Capitaine Gardel.
Les destins d’Alma et de Joseph vont se croiser, forcément…
Ce roman aurait été décrié puisque de Fombelle n’étant pas noir, que peut-il savoir de la traite des esclaves ? Mais cet argument ne vaut rien. L’auteur maîtrise parfaitement : l’environnement, les personnages, la mer, les sentiments, la poésie.
De Fombelle tricote un maillage : il y a beaucoup de protagonistes, un long passage en huis clos à bord du navire, des chassés croisés entre La Rochelle, la Corne Africaine, la pleine mer, mais toujours de la poésie, de l’amour et de l’espoir.
Les illustrations de François Place ajoutent à la beauté du récit : le trait fin, le sens du détail, une immersion dans le récit et dans les esprits. Tout cela ancre dans l’histoire… dans l’Histoire ?
A travers les destins croisés de ces enfants, il nous rappelle les horreurs et les erreurs commises, les dangers de la mer et l’importance de la foi. Ce roman jeunesse ne convient pas aux plus jeunes, autant vous le dire. Il nécessite une connaissance (même lointaine) du contexte, de la géographie, et surtout une résistance émotionnelle que l’on acquiert, je pense, au moment de l’adolescence. Il ne me viendrait pas à l’esprit de le mettre entre les mains de ma fille de 11 ans par exemple, malgré qu’elle soit bonne lectrice…
Premier tome d’une trilogie, « Alma – Le vent se lève » laisse en bouche (et en tête) un arrière-goût d’inachevé, une envie d’aller plus loin, une leçon de patience…
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