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American Boys

Khashayar J. Khabushani

« je faisais semblant de ne pas le voir, ce qu’il y avait là, au fond. L’espoir auquel elle s’accrochait, la promesse d’une vie meilleure pour nous tous dont elle semblait si certaine. »

Los Angeles, années 1990. K vit avec ses parents et ses deux frères - Justin et Shawn dans une petite cité des quartiers pauvres de la cité des anges. Baba et Maryam, nés en Iran, ont rejoint les USA pour vivre leur rêve américain mais le père, ne travaille pas. Ingénieur, il a perdu son emploi et traîne à en chercher un autre, préférant tenter sa chance dans les casinos. Vivant mal d’être entretenu par son épouse qui poursuit toujours plus ses ambitions, le père de famille décide un jour d’emmener ses trois fils en Iran, loin de la mère et de ses rêves. Pendant ces 3 mois, les frères se perdent dans leurs racines, leurs convictions, leur intégrité. Ils ne comprennent pas ce pays d’où ils viennent et qui est si différent de chez eux, en Californie. 

Leur tante maternelle parvient à les renvoyer auprès de leur maman, avec la complicité de leur grand-père,  mais rien ne sera plus jamais pareil. Leur séjour à Ispahan a définitivement brisé quelque chose de leur innocence, de leur enfance, de leurs ambitions, en particulier K, le plus jeune, le préféré de son père, le seul de la fratrie à porter un prénom persan. 

A L.A., ils grandissent, se cherchent mutuellement et individuellement, grandissant comme ils peuvent avec leur mère qui galère mais qui travaille d’arrache-pied, leurs copains de la cité qui n’ont pas les meilleures fréquentations, leurs rêves secrets, leurs amours, leurs passions. K, le plus jeune, ne s’est jamais remis de l’Iran, il le porte comme un fardeau l’empêchant de grandir droit, de s’épanouir, de s’assumer. 

En Septembre 2001, l’attentat des tours jumelles, alors que K est au lycée, renvoie les trois frères à ce qu’ils sont : des arabes, des étrangers, des dangers… mais ils sont avant tout des garçons américains, qui courent eux aussi après leur part du fameux rêve…


« C’est notre pays qui me manque, là où on avait autre chose à foutre que prier et faire la sieste au milieu de la journée comme des chiards de maternelle. »

Cette lecture me laisse perplexe. Le roman n’est pas mauvais, loin s’en faut, mais n’est pas non plus le monument littéraire auquel je m’attendais après tout ce que j'avais entendu à son propos. La quête d’identité pour le jeune garçon, déchiré entre ses racines iraniennes et sa vie américaine est très prenante, suffisamment pour qu’il n’y ait pas cet autre sujet en filigrane (autre sujet dont je ne dévoilerai rien…) ça fait presque trop. Ou alors est-ce MON trop ? Il est fort probable que j’ai eu du mal à rester concentrée, encore, sur un sujet grave, encore, mettant le protagoniste dans une situation déchirante, encore. 

J’ai trouvé beaucoup, peut-être trop de liens avec “Terre Natale” de Ayad Akhtar, qui partageait déjà sa difficulté à être musulman ou d’origine arabe aux USA après les attentats du 11 septembre. Cette obstination des américains à renvoyer systématiquement l’Autre à ses origines, même lointaines, quand tout ce qu’il aspire c’est d’être un bon citoyen. Elles sont loin les promesses du rêve américain pour ceux qui ne sont pas blancs, chrétiens, beaux… Bref, une réalité de ce pays fantasmé qu’on préfèrerait ne pas connaître et qui est pourtant bien réelle pour ceux qui la subissent. 

Cette lecture me laisse un goût aigre-doux en tête. La satisfaction d’avoir lu un roman me confrontant à une double culture, d’avoir appris sur les coutumes iraniennes, mais la déception de me rendre compte que cette grande nation nourrit un mythe et une image pour faire oublier sa bêtise, son arrogance et son intolérance pour tout ce qui ne lui ressemble pas. 

Je persiste, les USA est un pays adolescent qui veut toujours avoir raison, même quand il a tort dans ses contradictions et qui persiste dans ses aberrations ; Khabushani est le parfait exemple de celui qui veut mais qui ne peut pas, empêché par son nom, son apparence et ses origines d’être l’américain qu’il rêve d’être…


« Je n’ai jamais vu et considéré l’Amérique comme autre chose qu’une grande et belle maison, notre maison. »

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