Julia Colin
« ... notre périple à pied n’était pas juste une parenthèse, mais bien le point de départ de notre future vie incertaine…»
Dans une France post-apocalyptique, Elie et ses parents fuient Paris et les violences inhérentes à la chute du pouvoir et de l’ordre. Ils sont accompagnés par leurs amis les plus proches : Calme (qui a le même âge qu’Elie) et ses parents. Sur la route vers Marseille, les parents de la jeune fille meurent et cette disparition la plonge dans l'abîme du chagrin. Le temps passe mais pas le mutisme de Calme.
La famille recomposée arrive dans le village de Massat, dans les Pyrénées. Ils y sont accueillis à condition d’entrer dans le système existant : troc, participation à la vie et aux réserves de la communauté. La milice en place assure le bon fonctionnement du village et sa sécurité. En échange d’aide pour reconstruire une masure délabrée pour les mettre à l’abri du froid de l’hiver, Elie accepte de s’engager dans cette petite armée de jeunes du village. Il s’y fait des amis et découvre les bienfaits de la communauté.
Mais Calme n’est pas de cet avis. effrayée par la violence sous-jacente des villageois et des sacrifices que ces derniers exigent, elle tente de convaincre son presque-frère que la forêt environnante peut subvenir à tous leurs besoin. Elle s’y enfonce et s’y réfugie de plus en plus, découvrant les trésors sylvestres mais aussi sa force et les pouvoirs que la nature lui confère.
Calme et Elie vont s’affronter dans leurs perceptions du monde et de la survie, l’un du côté des hommes, la seconde du côté de la nature. Affrontement d’autant plus douloureux que malgré leurs désaccords, leur amour l’un pour l’autre est des plus forts.
« Si je coupe les branches qui étouffent les plantes, je les entends pleurer , mais j’entends aussi les groseilliers mieux respirer et leur sève se gorger de soleil. Il existe un équilibre, je crois. Et je commence à le comprendre. »
Il est difficile d’en dire plus sur ce roman dans lequel je ne me serais certainement pas plongée si j’avais sû en amont de quoi il retournait. Peu friande des dystopies et du post-apocalyptique, je serais passée à côté d’un moment somme toute pas si désagréable.
Oui, il y a des choses qui m’ont dérangée, notamment l’intervention inopinée du fantastique dans ce roman qui s’adresse, je pense, plus à un public adolescent qu’à des lecteurs adultes. Mais il y a aussi une écriture et un parti-pris qui n'a pas été sans me rappeler le magnifique Dans la forêt de Jean Hegland. J’ai aimé que la nature ait une place si importante dans ce livre, qu’elle soit la solution, la pourvoyeuse de bienfaits et de remèdes quand on craignait que tout ne soit perdu. J’ai aimé cette relation forte entre Elie et Calme, ces affrontements teintés d’amour, ces questionnements et ces inquiétudes sur les transformations liées à la fin de l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte. Car au-delà de la fin du monde et des civilisations, c’est avant tout cela que j’ai vu et lu dans ce premier roman : des jeunes qui deviennent des grands, des apprentissages par la force, des envies de rester des enfants malgré l’obligation d’avancer. Une leçon à retenir pour le devenir de notre environnement mais pas que…
« Nous ne sommes qu'un fragment d'âme d'une seule et même entité, et accepter la mort de l'un d'entre nous, c'était accepter la mort d'un petit bout de Massat… »
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