Marc Levy
Je m’étais promis, il y a quelques années, de ne plus jamais lire de Lévy. Une déception de plus, une déception de trop, avait pour moi scellé le sort de cet auteur qui favorise facilement le rendement aux dépends de la qualité.
Mais il paraît qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Après l’avoir entendu parler à « La grande Librairie », je me suis dit que son sujet était intéressant. Mais c’est en constatant les retours positifs de plusieurs autres médias et lecteurs en qui j’ai confiance que je me suis dit que je devais tenter le coup.
De Oslo à Madrid en passant par Londres, Rome, Istanbul, Tel-Aviv, Paris et Kiev, huit hackers au sont tous entraînés dans des missions et des enquêtes qui, petit à petit, les submergent par leur importance et leurs conséquences.
A Oslo, Ekaterina et Mateo déjouent un attentat dans une université ; à Londres et à Madrid, Cordelia et son frère Diego tente de faire tomber des géants pharmaceutiques ; à Istanbul, Maya essaie de comprendre pourquoi elle a reçu la photo d’une petite fille qui semble en danger ; à Tel-Aviv, Janice enquête sur la manipulation psychologique des masses…
Ces génies de l’informatique sont censés ne jamais se voir, et travailler ensemble de loin en loin pour que jamais leurs pistes ne se rassemblent, mais on comprend vite que tout ce sur quoi ils travaillent chacun dans leur coin (ou en binôme) va vite se mêler pour ne faire qu’une seule mission.
En toile de fond : tout ce qu’il est possible de réaliser, de faire et de défaire, à très grande échelle, grâce aux nouvelles technologies. Parce que le sujet de l’histoire est là : les « 9 » forment un groupe de hackers, qui s’en prennent à des causes qui leur semblent injustes, dangereuses. Levy dénonce tout le système de traçabilité des nouveaux outils de communications et l’utilisation de nos données personnelles à des fins malhonnêtes, voire terroristes. Après 1984, Les enfants sont rois et Comme un empire dans un Empire, c’est un sujet récurent de mes dernières lectures, un sujet qui fait froid dans le dos…
Le style Levy est toujours là, des phrases rapides, faciles à lire, des chapitres courts. Mais la multitude des personnages et des missions, ainsi que la dimension plus sentimentale à laquelle l’auteur ne veut encore pas se soustraire, ne se prêtent pas à ce genre d’intrigue.
Ceci étant, vu comment se termine ce premier opus, il est clair que Levy a construit son roman comme une série télé : un tome correspondant à une saison, et il s’agit sans doute ici d’installer le contexte, de présenter ses personnages et de lancer le suspense…
Merci, ça me donne envie de m'y remettre :) Vos synthèses sont claires et alléchantes. Merci pour votre travail.