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Chien 51

Laurent Gaudé

La rentrée approche, il faut être au courant de ce qui est attendu, très attendu. Comme le nouveau roman du lauréat du Prix Goncourt 2004. A l’entendre parler de son Chien 51, j’ai été prise d’une grande curiosité, moi qui ne suis pourtant pas du tout attirée par la science-fiction.


« Tout parle chez nous (...). ça s’agite et ça remue. Ici la loi c’est le tourment. Il faut plonger dans la boue pour embrasser la vérité. »

L’action se déroule dans une époque indéfinie, un futur relativement proche. La Grèce a été achetée par une multinationale et les citoyens, après avoir tenté la rébellion, ont fini par rentrer dans ce nouveau rôle de Cilariés. Répartis en 3 zones, ils évoluent dans ce nouveau monde, à la frontière entre celui de 1984 d’Orwell et de Blade Runner. Sparak est un flic déclassé, menant des enquêtes sans grand intérêt et noyant son chagrin et sa culpabilité dans la drogue. Lorsqu’un corps éventré est retrouvé sur son territoire, il est verrouillé à une jeune inspectrice de la Zone 2 pour mener l’enquête. Petit à petit, ces deux-là, d’abord contraints de se supporter, vont s’apprivoiser, se comprendre et réussir à travailler ensemble. Leurs investigations vont les mener loin, très loin, trop loin, dans les secrets du pouvoir, les manigances des puissants et les manipulations des hommes de loi. Embarqués malgré eux dans un monde de violence polie et politique, ils vont, ensemble et chacun de son côté, renouer les fils, découvrir la vérité sur cette affaire mais également sur le passé de Sparak. Ce dernier, confronté à son passé, doit s’en guérir s’il veut pouvoir avancer et se pardonner. Plus facile à dire qu’à faire.


« Il faut écouter ceux qui ne nous aiment pas (...). Il faut écouter leur haine. C’est elle qui nous fait comprendre le dossier. »

Comme dit plus haut, la SF, ce n’est vraiment, mais alors vraiment pas mon truc. Mais Laurent Gaudé, oui. Alors j’ai favorisé mon attrait pour l’auteur et je l’ai suivi dans cette ville, cet univers de castes, de zones, de violence et d’injustice. Et j’ai bien fait. Avec son écriture vive et efficace, il arrive à nous faire oublier, ou même carrément apprécier cet environnement futuriste. On est plus proche de la dystopie que de la SF à la Star Wars. Et Gaudé, sous couvert de nous décrire un futur pas très glorieux, en profite pour dresser un portrait acerbe de ce qu’il adviendra du monde, où l’ultra-capitalisme permettra l’achat de pays par des entreprises, une remise en cause totale de la république et de la démocratie, un balayage du respect de l’égalité et le retour des castes. Ceux qui n’ont rien envieront ceux qui ont tout et se résoudront à une sorte d’esclavage contre la promesse d’un peu d’espoir.

C’est un roman qui se lit bien, qui nous plonge dans une enquête passionnante, à la rencontre de personnages fracassés et très attachants. On ne va pas me faire dire que j’aime la SF, mais la dystopie, oui, en vrai, j’aime ça…


« Les morts ont moins d’ambitions et de réticences que les vivants. »

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