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Continuer

Laurent Mauvignier

Laurent Mauvignier est arrivé dans mes mains grâce à Marie-Hélène Lafon. Histoires de la nuit avait déjà été une belle découverte… Avec “Continuer”, c’est un voyage en terre inconnue, une histoire qui donne envie de prendre des billets d’avion et de se sauver.


« On est aussi responsable de se laisser entraîner dans l’impasse que de s’y embarquer soi-même» .

Sybille et Samuel, Samuel et Sybille. La mère et le fils. Après un divorce orageux et un déménagement expéditif de Paris à Bordeaux, ils surnagent tous les deux, tentant de ne pas se déchirer, de cohabiter, de se supporter. Elle, elle est dépressive depuis toujours. Lui, du haut de ses 16 ans, prend un chemin escarpé : celui des skinheads et de la violence. Un soir, tout s’accélère, et il se retrouve embarqué dans une histoire impressionnante, grave, qui lui vaut une nuit au poste. Le père veut le mettre en pensionnat, chez les curés. Elle refuse. Elle a une autre idée, enfin. C’est pour le sauver lui qu’elle décide enfin de se bouger, d'enclencher le mouvement et de l’embarquer pour quelques mois en Kirghizistan, un pays loin de tout, de toute le monde, avec seulement leurs deux chevaux et leur compagnie mutuelle. Mais ce qu’ils vont trouver dans cette échappée, c’est bien plus que le grand air frais et le goût de l’effort. Ils vont se trouver l’un l’autre, l’un et l'autre.


« ... c'est plus dur d’assumer d’être celle qu’on est, (...) il faut apprendre à s’en rendre compte et à vivre à la hauteur de sa médiocrité, apprendre à s’amputer de nos rêves de grandeur, vivre au calme, à l’abri de nos rêves ».

J’avoue avoir eu des moments où je me suis dit que pfiou, c’était long cette balade à dos de canasson (ah oui, je n’aime pas ça l’équitation, j’ai oublié de vous prévenir). Mauvignier aime ces animaux autant que ses personnages, ses paysages, ce pays dont je n’avais absolument jamais entendu parler. Il manipule toujours aussi bien la psychologie des protagonistes, leurs traumatismes, leurs colères, leurs peurs. Il ne s’encombre pas de dialogue, car il y en a peu entre cette mère et son fils en (re)construction. Entre passé et présent, comme dans Histoires de la nuit, on comprend ce qu’il s’est passé dans la vie de Sybille depuis le début des années 90, et notamment l’été 1995. On comprend la dépression, on comprend la peur, on comprend le divorce. On ne peut qu’être admiratif devant cette femme qui puisera sa force dans l’amour qu’elle porte à son fils. Et on comprend aussi ce jeune homme, qui n'est plus tout à fait un enfant, mais qui reste le fils de sa mère, envers et contre tous, surtout contre lui-même.


C’est une très belle histoire d’amour filial qui donne du baume au cœur et un peu d’espoir face à l’ingratitude de la vie en général, à l’adolescence de nos enfants en particulier.


« ... si on croit qu'on n’a pas besoin des autres ou que les autres sont seulement des dangers, alors on est foutu. Aller vers les autres, ce n’est pas renoncer à soi.»

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