top of page

Dalva

Jim Harrison

« Quand on ne possède pas de valeur, rien n’a le moindre mérite. »

Santa Monica, 1986. Dalva travaille dans le social. Une affaire impliquant un jeune garçon violé par son oncle l’oblige à reconsidérer ses plans de vie et à retourner chez elle, dans le Nebraska. Ce retour forcé lui rappelle son enfance, sa jeunesse, son père adoré, mort pendant la guerre et son grand-père qui l’a élevée comme sa propre fille. Et puis il y a eu Duane, ce garçon, Sioux, qui a un jour débarqué sur la propriété, l’a séduite par son mystère et qui l’a laissée, malheureuse et enceinte. Elle avait à peine 16 ans. L’enfant est né, c’était un petit garçon. Il a été mis à l’adoption immédiatement. 

30 ans plus tard, Dalva est toujours hantée par ce bébé. Est-il mort, est-il vivant ? qu’est-il devenu ? sait-il seulement qu’elle existe ? Elle missionne son nouvel amant Michael, un universitaire paumé, pour le retrouver à sa place, en échange des archives de son arrière grand-père, missionnaire sur le nouveau monde, botaniste, chargé de convertir les Sioux au Christianisme mais plus occupé à découvrir la faune et la flore, à venir en aide à ceux qui en avait besoin et à constituer un patrimoine financier. 

Pendant que Dalva sillonne les routes de la Californie au Nebraska, Michael commence sa lecture des journaux de l’ancêtre, trouvant dans ces pages autant de réponses sur les amérindiens que de questions sur lui-même, alcoolique divorcé de 39 ans, attiré autant qu’effrayé par cette femme de 6 ans son aînée, ayant un huitième de sang indien, une mère et une soeur fantasques, des domestiques suédois, beaucoup d'argent et le reste d’interrogations, d’inquiétudes, de regrets et de chagrin. 


« Moi je lis, quand les rêves sont censés aider le cerveau à rattraper son retard sur la vie ;  ça fonctionne comme une sorte de machine compliquée destinée à diminuer la pression. »

Cela faisait longtemps qu’une lecture ne m'avait autant mise en souffrance. On ne va pas tourner autour du pot, Harrison n'est définitivement pas fait pour moi, ou bien ne suis-je pas faite pour lui, ce qui revient au même. J’ai été en difficulté dès les premières pages, en ne sachant pas bien pourquoi. Et puis petit à petit, je crois que j’ai compris. Sans doute y a t’il une grande poésie, un regard profondément humaniste et moderne posé par l'auteur sur le passé de son pays en général et sur le génocide perpétré contre les natifs en particuliers. Mais sa manière de l’exprimer est tellement pleine de détours, de détails inutiles, d’alcool en fait, que je me suis énervée plus d’une fois, non pas contre les personnages, mais contre cette manie de mettre le lecteur à l’épreuve. Oui, le fond est louable. Mais la forme l’est beaucoup moins. J’avais des hallucinations - comme les protagonistes qui nous racontent par le menu leurs rêves rocambolesques ; la sensation d’avoir le vieil auteur au-dessus de ma tête me frappant pour que je comprenne. Mais j’ai compris ! Ce ne sont pas des maths, ça va ! (oui, je suis agacée). 

Pardon, pardon. Ce que je veux dire c’est que j’ai trouvé une grande prétention dans ce roman. Un besoin de tester celui qui est de l’autre côté des pages. Harrison se mérite, voyons ! Je ne suis de toute évidence pas à la hauteur, et cela faisait longtemps que je n’avais pas été si malmenée, si ridiculisée finalement. Il y avait tant d’autres moyens de faire passer le message : le passé des USA est une flaque de sang indien que les bons petits blancs s’efforcent de faire oublier et il est grand temps de rendre aux natifs les honneurs qui leur sont dûs. Mais cette façon de le dire, vraiment, ça ne passe pas.   

Je suis sans doute d’autant plus déçue que ce roman m’avait été chaudement recommandé par des amis que j’estime énormément et sans doute est-ce pour cela que je suis triste : déçue par le roman et surtout par moi-même, qui n’ai pas été touchée par ce style…


« Ce que nous sommes, nos actes et nos réalisations pèsent aussi lourd et le plus souvent aussi discrètement que la gravité qui nous rive au sol. »

3 vues0 commentaire

Posts similaires

Voir tout

Commentaires


bottom of page