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De la part d’Hannah

Laurent Malot

Lecture simple, rapide et agréable que ce court roman de Laurent Malot, auteur que j’ai découvert en mars dernier avec son excellent polar « Sème la Mort ».

« Dans la vie, suis ton instinct, et si tu te retrouves dans la merde, c’est que t’as le nez bouché ! »

Hannah a 10 ans. Elle vient de passer trois années à Gavarnie, dans un sanatorium, pour soigner une tuberculose. Qu’elle n’a en fait pas. Du jour au lendemain, elle doit retourner dans son village et reprendre une vie normale. Mais sa vie normale n’est pas celle de tous les enfants. Abandonnée par sa mère lorsqu’elle avait deux ans, l’enfant vit avec son père acariâtre et son grand-père. Sa grand-mère, Martha, vit quelques maisons plus loin.


Hannah retourne à l’école et retrouve ses amis. Elle retrouve aussi les mégères du village, les commérages, les méchancetés et les bagarres de cour d’école. Elle fait la connaissance d’un nouvel instituteur et apprend ensuite à vivre sans son père, appelé à servir en Algérie, et qui a déserté l’armée et sa famille.

De jour en jour, elle va de découverte en découverte, au fil des événements de la petite bourgade : l’ouverture du maison close, une curieuse silhouette qui l’observe de loin, les langues qui commencent à se délier : sur sa mère, sur son passé, sur ses origines.

« La foule, c'est la meute, des loups qui hurlent avec des loups et qui en deviennent dingos. (...) C’est aussi ça qui fout la pétoche avec la meute, on se croit obligé de participer à la curée. »

Avec le ton naïf et désinvolte d’une petite fille de 10 ans, Malot décrit les affres de l’enfance dans un village de province, à une période où on tente d’oublier une guerre alors qu’on s’engage dans une autre. Hannah est courageuse, volontaire, mais fragile aussi, sous ses grands airs. Elle est maligne et inventive, mais surtout, elle a besoin d’amour, elle a besoin de savoir où elle va et avec qui elle pourra y aller.

Malot a signé ici un premier roman qui se lit avec facilité et tendresse, adoptant la voix de l’enfant comme Emile Ajar l’avait fait dans “La vie devant soi”, trouvant les bons mots pour nous rappeler que ce n’est qu’une enfant qui parle, une enfant d’une autre époque, qui nous émeut et nous fait sourire. Et même si on n’est pas au même niveau de perfection que Romain Gary, on s’attache à cette gamine et on se prend à espérer avec elle que les jours à venir seront plus doux.

« Ou alors, c’était ça ma vie. On me quittait sans se soucier du mal que ça faisait. J’avais un destin à la con marqué quelque part dans un livre, et pas la gomme pour le changer. »

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