Maggie O’Farrell
« Ce qu'il trouve le plus difficile à supporter dans la vie de famille, c'est que, au moment où on croit enfin avoir prise sur les choses, elles changent.»
Londres, juillet 1976. Comme tous les matins, Robert se lève, se prépare, met le couvert pour le petit déjeuner de son épouse Gretta, l’embrasse et lui annonce qu’il sort chercher le journal. Il est 6h45, le thermomètre affiche déjà une température proche des 25°. Le même jour, quelques heures plus tard, le fils aîné du couple d’irlandais - Mickael Francis - rentre chez lui : les vacances sont enfin là, 6 semaines de tranqiuilité avec sa femme et ses deux enfants. Il a hâte d’en profiter mais Claire, sa femme, est occupée à préparer sa licence d’Histoire, qu’elle avait mise de côté quand elle était tombée enceinte de leur premier enfant. Concentrée, motivée, elle repousse Mike et l’aide qu’il lui propose.
La cadette, Monica, tourne en rond dans la maison de son second mari antiquaire. Elle s'ennuie loin de Londres, dans la demeure de l’ex-femme, avec ses deux belles-filles et le chat ; elle s’essaie à la vie à la campagne mais c’est compliqué et elle est profondément malheureuse, incapable de faire le deuil de son ancienne vie et de son ex-mari.
A Manhattan, Aoife, la benjamine, tente de se débrouiller avec ses problèmes de lecture, ses petits boulots, son amoureux hors-la-loi et sa piètre estime d’elle, héritée d’une place ingrate dans la famille.
Lorsque Gretta commence à appeler ses enfants, disséminés et divisés, pour leur annoncer qu’elle n’a pas de nouvelles de leur père depuis presque 12 heures, chacun d’eux met ses soucis, ses rancunes de côté et débarque dans la maison qui les as vus grandir, s’aimer, se diviser.
A la faveur de la recherche de Robert, le passé refait surface et permet aux membres de la famille Riordan de lever le voile sur leurs secrets, de régler leurs comptes et de retrouver la communion qu’elle a perdue au fil du temps et des non-dits.
« Le mal du pays peut vraiment vous rendre malade, fou de nostalgie.»
C’est le troisième roman que je lis de l’auteure irlandaise et, sans dire que c’est mon préféré (elle a tout de même produit le phénoménal Hamnet), je dirais que c’est sans doute celui que j’ai trouvé le plus punchy, le plus rythmé, et le plus drôle aussi, sans aucun doute.
Les personnages composant cette famille irlandaise sont tous attachants dans leurs erreurs, dans leurs convictions, dans leurs fautes et dans leurs complexes. Ils renvoient au schéma familial qui nous empêche parfois d’être qui on aimerait être, empêtrés que nous sommes dans notre place, par notre faute ou celle des autres. Dans une famille, chacun son rôle, et même adulte, difficile d’en sortir, même en essayant au maximum (et je sais de quoi je parle, croyez-moi !).
En trois jours, on peut réparer trois ans de non-dits, de conflits, d’absence. En trois jours, quand l’inquiétude réunit des êtres unis par le sang et l’amour familial, tout se dit, tout se révèle, beaucoup se pardonne. Il y a un peu de Liane Moriarty dans ce roman, au rythme inattendu chez O’Farrell qui m’avait davantage habituée à de la contemplation, notamment dans Portrait de mariage mais c’est une écriture que j’aime définitivement beaucoup.
Je suis ravie d’avoir sorti ce livre de ma PAL, d’avoir retrouvé l’Irlandaise qui avait su me séduire avec Hamnet et son amour de la langue, de l’Angleterre, d’une culture, de la famille…
« Comment peut-on être abandonné à une solitude aussi bouleversante alors qu’il y a tant de gens sur terre ?»
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