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Léonie

Marlène Charine

Ça fait du bruit, les pensées qu’on ressasse. Surtout quand elles sont noires et lourdes.

Un soir en sortie de boîte de nuit, Léonie, jolie rousse de 19 ans, est kidnappée par Raymond. Le même jour, Loïc, jeune flic prometteur, qui aurait dû mener l'enquête sur cette disparition est victime d’un grave accident de parapente. On retrouve ces deux victimes 2189 jours, soit six ans plus tard. Elle est toujours captive de son ravisseur, il est désormais captif de son propre corps, paralysé de tout le côté gauche. Les événements s’enchaînent : le kidnappeur succombe à une crise cardiaque, laissant Léonie seule aux commandes, libre de tout mouvement. Elle va forcément croiser la route de Loïc, ou plutôt le même couloir du Centre de Soins de Suite Réadaptation. L’enquêteur est soigné avec dévotion par Diane, sa sœur de huit ans son aînée, qui s’oublie totalement pour son frère, celui qu’elle aime et qu’elle est prête à protéger envers et contre tout. Il y a aussi Jonas, l’ami et ancien chef de groupe du policier, secrètement amoureux de lui, qui décide un beau jour de reprendre l’enquête sur la disparition de Léonie après que trois hommes - tous liés à elle - aient été retrouvés morts dans la forêt du Roi-Neuf. Léonie, Loïc, Diane, Jonas, et d’autres encore tournent et tournent dans une danse macabre de secrets, de drames, de passé, de chien et de mort. Jusqu’au moment du bouquet final où tout fait sens dans une explosion de folie.

Les barreaux qu’on choisit pour soi sont toujours les plus épais. Mais aucun n’est infranchissable.

C’est le titre qui m’a interpellée dans ce polar. Sans avoir lu ne serait-ce que la quatrième de couverture, je me suis plongée dans cette histoire terrible d’enlèvement, de séquestration, de violence et de revanche. Roman choral, on alterne entre Léonie et Diane pour commencer, puis petit à petit, Jonas et Loïc entrent en scène. Après m’être perdue Dans les Brumes de Capelans de Norek et dans les Labyrinthes de Thilliez, j’ai eu peur, au début, de saturer avec ce nouvel enlèvement sans autre but que de garder sa victime captive. Mais finalement, on se laisse vite prendre. Les conditions de captivités ne sont pas les mêmes, le ravisseur n’est pas le même, la finalité non plus. Et le parallèle entre Léonie et Loïc, même s’il n’apparaît pas de suite, finit par surgir, à faire sens, et à donner à ce thriller une similitude métaphorique particulièrement profonde. Même si on est loin de la dextérité de ceux que j’ai l'habitude de lire, on sent que Charine aime ses personnages et maîtrise l’art de la formulation, la psychologie des victimes et des bourreaux. Malgré une fin qui m’a justement laissée sur ma faim parce que trop facile à mon goût et avec beaucoup trop de non-dits et de secrets non élucidés, cela reste un bon moment de lecture qui nous fait apprécier la liberté de mouvement et nous sensibilise à l’importance de l’écoute des victimes.

Parfois quand tout nous échappe, nous nous échappons à nous-même également.


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