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L’école de Topeka

Ben Lerner

S’il y a bien une chose qui me refroidit, c’est d’avoir l'impression d’être bête. Inculte. C’est plus où moins la sensation qui a accompagné l’intégralité de ces 410 pages.

« Les baby-boomers étaient plus progressistes que leurs parents et la génération d’Adam, bien que schizophrène, l’était davantage encore. »

Topeka, Kansas. Dans cette petite ville “mondialement renommée” évoluent les Gordon. Jane et Jonathan, les parents, sont tous deux thérapeutes. Elle écrit des livres de vulgarisation qui permettent au lectorat féminin de se libérer du joug du machisme. Lui suit principalement de jeunes garçons et réalise des films d’amateur à partir de ce qu’il entend, ressent, reçoit. Leur fils unique, Adam, est un jeune homme bien sous tout rapport. Champion d’éloquence, il vit avec la peur des migraines qui le polluent depuis un traumatisme crânien lorsqu’il avait une dizaine d’années. Et il y a Darren. On sait qu’il est un jeune garçon perturbé et dès les toutes premières pages, on sait qu’il est impliqué dans un drame qui a eu lieu à la fin du lycée, en 1997. Et qu’Adam était présent.

On passe d’un narrateur à l’autre. Jane, Jonathan, Adam, et quelques apparitions de Darren. Le ton, la syntaxe, le vocabulaire, tout diffère en fonction de qui s’exprime. Les pages de Jane sont ainsi beaucoup plus accessibles, beaucoup plus émotionnelles que celles d’Adam, pompeuses, prétentieuses.

On les suit sur plusieurs décennies, sautant d’une période à une autre : les débuts du couple formé par Jane et Jonathan, l’accident d’Adam, les concours et les entraînements, les interactions avec Sima, Eric et leur fils, les meilleurs amis de la famille. La place essentielle de la fondation et de ses membres dans la commune en général et dans la vie des Gordon en particulier. Jusqu’à la paternité d’Adam, sa carrière, ses combats et ses convictions…

On finit par savoir quel est le drame dont il est question dans les premières pages mais on se dit Tout ça pour ça ?


« Quand la première neige sur Topeka (…) et donne le sentiment que le dehors est un vaste intérieur, il faut avoir l’esprit de l’hiver, tourner la tête vers les flocons s’accumulant sur le rebord (…) et retourner à la scène primale de l’enfance. »

C’est toujours décevant de ne pas se sentir bien dans un livre. ça l’est d’autant plus lorsque le roman en question a été encensé par des professionnels et promu comme, je cite “Le livre le plus important à ce jour de l’écrivain le plus talentueux de sa génération” (d'après The New-York Times Magazine). Peut-être ai-je été naïve ? Ou utopique ? Suis-je stupide au point de ne pas avoir été touchée par la grâce du roman adoré de Sally Rooney (dont je n’ai pas aimé le premier roman, Normal People, trop pompeux à mon goût) ?

Je ressors profondément frustrée de cette lecture qui me laisse, comme je le disais plus haut, la très désagréable impression de ne pas être assez intelligente. A moins que cela ne vienne de la traduction ? Je l’ignore. Toujours est-il que j’ai trouvé la narration brouillon, la chronologie difficile à suivre, le vocabulaire trop perché. Même si on peut bien évidemment trouver dans ce portrait des Etats-unis des éléments entraînant la réflexion sur les difficultés rencontrées par les personnes intellectuelles, de gauche, face à l’électorat républicain machiste, raciste et homophobe. Tout cela, on peut le lire dans d’autres ouvrages, moins suffisants, moins présomptueux, plus accessibles : L’été où tout a brulé de Tiffany Mcdaniel ou, plus ancien, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur d’Harper Lee…

L’école de Topeka ne sera pas, pour moi, le roman de la rentrée littéraire. Il va me falloir trouver, très rapidement, un livre qui me permette de retrouver un peu d’estime, de confiance en moi. Un livre qui ne me renvoie pas à une position d’inculte, d’abrutie. Un livre qui me touche et qui m’émeut. Un livre qui me rendra le plaisir de la lecture.


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