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L'école des soignantes

Martin Winckler

« On est toujours responsable de ce qu'on fait, bien ou mal. Assumer la responsabilité de ses actes est une obligation. »

Bouleversée que j’ai été par Le Chœur des Femmes, et dans un contexte personnel très médicalisé, j’ai voulu enchaîner sans pause sur un autre ouvrage de référence de Winckler. C’est ainsi que j’ai intégré l’Ecole des Soignantes.


« N'oublie pas une chose : c'est leur corps, pas le tien. Tu n'es pas acteur de leur vie, tu en es seulement le témoin.»

L’action se déroule dans un futur proche, en 2039. Hannah a décidé, après 15 ans de codage informatique, de se tourner vers le soin à la personne.

Les protocoles sanitaires de la région de Tourmens ont été complètement révolutionnés grâce au travail acharné de la petite équipe de l’unité 77 du CHU. Ce dernier, soutenu par une politique régionale plus citoyenne et respectueuse des individus, patients comme personnels soignants, s’est complètement réorganisé et féminisé. L’école des soignantes n’est pas qu’un hôpital ou un centre de formation, non, c’est un lieu de vie (et de mort), d’accompagnement et de soutien. Pour lutter contre le patriarcat et la misogynie du monde de la médecine, tous les termes sont au féminin. Les patients deviennent des soignéEs et tous les salariés sont des soignantEs. Les protocoles ont été revus pour intégrer moins d’examens et de médications mais plus d’écoute et d’empathie. Les malades font partie des équipes et deviennent parfois formatrices pour partager leurs expertises en tant que (sur)vivantes de la maladie.

Hannah a beau avoir un prénom féminin, il n’en est pas moins un homme, accepté et formé comme toutes les autres, mais dont la sensibilité en fait un allié et un ami pour l’équipe du pôle psycho qu’il intègre pour finaliser sa formation.

Il y vivra de belles choses, dans un environnement serein et bienveillant pour toutes, dans une équipe dévouée et volontaire pour maintenir les choses en l’état ou les faire évoluer vers encore mieux.

« Pour soigner, il faut partager. Et écrire, c'est partager. L'un ne va pas sans l'autre. Quand tu mets ton expérience au service d'une soignée, c'est bon pour elle. Quand tu la transmets aux autres soignantes, c'est bon pour toutes les soignées dont elles s'occupent.»

Je mentirais si je disais que j’ai autant aimé ce roman que les précédents lus de l’auteur. L’approche dystopique, utopique même, m’a quelque peu déroutée et le mélange des genres dans la narration a tout pour brouiller la compréhension.

Ceci étant, j'ai vite compris que pour l'auteur et pour les malades, féminin et masculin n’ont finalement aucune importance, puisque ce qui compte c'est le soin, l’accompagnement, l’aide, et la volonté d’être présent-e pour les soigné-e-s.

Martin Winckler reprend ici son discours, son étendard féministe et bienveillant. Il explique ce que pourrait devenir la médecine si les praticiens étaient plus à l’écoute des patients, si la parole prenait le pas sur les antibios et si les femmes avaient davantage de place dans les protocoles.

Il s’agit ici plus d’un manifeste que d’un roman, à mon sens. Encore une fois, on a envie de semer ce livre dans toutes les salles d'attente de cabinets médicaux ou d'hôpitaux, de le faire lire, partout, à tout le monde.

La fantaisie d’Alma (que vous allez forcément adorer) présage que la vision de Winckler vient d’un futur plus ou moins proche et que nous ne pourrons heureusement pas échapper à cette évolution positive et féminine de la médecine et du soin. Croisons les doigts !

« …pour être une mère juive il n'est nécessaire ni d'être juive, ni d'être mère, ni même d'être une femme. C'est une question d'état d'esprit... »

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