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L'enfant grec

Vassilis Alexakis

« Les personnages de roman n’ont pas été moins présents dans ma vie que les gens de ma famille. »

Le narrateur de ce roman, qui a subi une opération assez lourde des jambes, est obligé de quitter - le temps de sa guérison - son studio, sis au cinquième étage sans ascenseur d’un immeuble du XVème arrondissement de Paris. Il est logé dans un hôtel, à proximité du Jardin du Luxembourg. Le parc devient alors le terrain de ses pérégrinations tant réelles qu’imaginaires. A la faveur de l’automne parisien, le héros se souvient des personnages qui ont accompagné son enfance, dans le jardin de sa maison natale en Grèce. Tarzan, Alice, les Mousquetaires, Jean Valjean et tant d’autres. 

Dans les allées et sur les bancs du Jardin, aux abords des statues, dans le théâtre de marionnettes Jardin et le restaurant attenant, aux toilettes publiques, aux abords du Sénat, dans les rues et avenues adjacentes, il va faire de nombreuses rencontres qui lui ouvriront les yeux sur la pluralité des personnes et des rencontres possibles dans la vraie vie, quand on a des difficultés à se déplacer sur ses deux jambes mais pas à rêver, à imaginer, à se souvenir.

Sa chambre d’hôtel, si impersonnelle et si éloignée de son quotidien et de son confort, devient petit à petit, au même titre que le Luxembourg et de ses abords, un lieu où travaille sa tête et où s’oublie la triste réalité de son pays natal, sombrant à cette époque dans une crise économique sans précédent. Parce que même s’il vit en France depuis 40 ans, que ses enfants y sont nés, notre protagoniste n’en est pas moins grec, l’enfant grec de Victor Hugo peut-être ? 


« La morale tient lieu de philosophie aux gens qui n’ont pas d’idées. »

Je ne sais que dire ni quoi penser de cette lecture qui n’a été motivée que par la nationalité de son auteur. J’ai ouvert ce livre comme on pousse une porte opaque derrière laquelle on ne sait pas ce qu’on va trouver. Et lorsqu’on ressort, on est comme ébloui à cause du contraste de luminosité. Ici, la dichotomie réside davantage entre ce à quoi je m’attendais (ce que j’espérais ?) et ce qui m’a été donné de lire. Point de Grèce, de mythologie ou de voyage dans la mer égée, non, non. Mais un soixantenaire résidant à Paris, écrivain, bourré de manies, ayant des contacts un peu partout mais assez solitaire, et doté d’une imagination galopante. 

Obligé de prendre le temps de la guérison et d’accepter ce changement de cadre, il se souvient de son enfance, de son frère, de ses parents, de sa Grèce, de ses compagnons de jeux, tirés des Classiques illustrés qu’il lisait en Grec et qu’il a redécouvert, adulte, en Français. 

Tout ce roman est finalement basé sur l’alternance : alternance d’identité, alternance d’univers, alternance de fils et de temporalité. On se perd entre le réel et l’imaginaire, entre le passé et le présent, entre la France et la Grèce. Ce n’est pas désagréable, mais ce n’est pas non plus un voyage que j’aurais fait si j’avais su que c’était cela qui m’attendait derrière la porte…


« Quelle que soit l’histoire qu’on raconte, je ne suis pas convaincu qu’elle présente plus d'intérêt que l’aventure de son élaboration même.  »

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