Michiko Aoyama
« Car rêver sans plan déterminé n'est pas quelque chose de mal. Ça permet de profiter pleinement de la vie. »
À Tokyo, dans le centre social d’un arrondissement, on trouve une petite bibliothèque de quartier. Derrière un panneau, une femme, occupée à faire de la broderie sur feutrine. C’est la bibliothécaire, Sayuri Komachi. Quand on vient la voir, elle demande tout simplement "qu’est-ce que tu cherches?" et ce n’est pas seulement un titre d’ouvrage qu’on lui livre, mais nos rêves les plus secrets. Une carrière, la tranquillité d’esprit, une voie, la paix… On repart alors avec une liste de guides sur le jeu de Go ou l’initiation à Excel et un titre qui n’a rien à voir. Et c’est dans ce livre-là que se trouve la solution. Dans la manière dont on va s’approprier le message contenu dans les pages qu’on n’attendait pas. Ainsi que dans la petite broderie qu'elle offre : "un petit truc en plus"...
La vendeuse en prêt-à-porter, le comptable, la jeune maman mise au placard après sa grossesse, le jeune chômeur, le nouveau retraité… autant de personnes au destin banal et qui nourrissent des rêves, que les lives et la sagacité de la bibliothécaire vont aider à repenser leurs ambitions et à être heureux, à trouver la force en eux de devenir qui ils veulent être…
« La valeur d'un livre est plus dans ta propre interprétation que dans la puissance de ses mots. »
Je ne suis pas du tout portée sur les feel-good et pourtant... Offert par une lectrice de mon ancienne bibliothèque, ce roman m'a attirée par ce qu'il disait de mon rôle, de mon travail de bibliothécaire. J'ai retrouvé dans la pratique de Sayuri ce que je voulais être, représenter, offrir aux lecteurs qui fréquentent mes rayonnages. Du soutien, du réconfort, de la réflexion et de l'action. Comme Emmanuel Carrère et son "Yoga" m'ont sortie d'une mauvaise passe, les ouvrages conseillés par la bibliothécaire de quartier ont tous un trésor à révéler à ceux qui seront disposés à le chercher.
L'écriture de Aoyama est simple, directe, sans fioriture, sobre. Elle reflète le sérieux et la pression de la société japonaise en même temps que son goût pour les plaisirs simples. En s'attardant sur des personnages comme tout le monde, l'auteure s'adresse à tout le monde, et cette universalité permet à tout à chacun de se reconnaître dans l'un ou plusieurs des cinq lecteurs aidés par Sayuri.
Je n'aurais pas été de moi-même dans ce roman, mais je suis contente de l'avoir lu, d'en avoir tiré un enseignement et un encouragement à continuer de vouloir aider les gens par la lecture.
« Un livre appartient à ceux qui le font, ceux qui le vendent et ceux qui le lisent. Voilà ce qu'est la société. »
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