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La dernière maison avant les bois

Catrina Ward

« Tuer des êtres vivants, ce n'est pas facile, bien sûr, mais s'assurer qu'ils restent en vie et en sécurité, c'est beaucoup plus difficile. Ça, croyez-moi… »

Ted vit dans sa maison barricadée, au fond d’une impasse en bordure de forêt, dans l'Etat de Washington. Il est accompagné de la chatte Olivia et de la petite Lauren. Il semble torturé par un mal étrange que seuls l’alcool et la musique peuvent apaiser. L’animal et l’enfant ne se pas non plus au meilleur de leur forme même si tout le monde tente de se convaincre du contraire. 

Un jour, une jeune femme vient s’installer dans la maison d’en face. Il y a 11 ans, sa petite sœur Lulu a disparu près d’un lac non loin d’ici. DeeDee est persuadée que Ted a quelque chose à voir avec cette disparition et elle décide de mener son enquête pour en avoir le cœur net.

À force d’observer et de fouiner, Dee commence à comprendre ce qui ne va pas chez Ted, ce qui cloche avec sa fille Lauren et cela conforte son idée qu’il a quelque chose à voir avec le drame qu’elle a traversé. 

Mais ni les choses ni les gens ne sont véritablement ce qu’ils semblent être et on se rend petit à petit compte que la réalité est bien plus terrible que ce à quoi on pouvait s’attendre. Qui sont vraiment Ted, Lauren et Olivia ?

Et qu’est-ce qui les poussent à vivre ainsi, repliés sur eux-même ? 

Dee se forge une opinion et nous entraîne, presque malgré nous, à embrasser ses convictions, toujours plus dans le ressentiment et la colère contre Ted…


« Les pensées sont une porte que franchissent les morts. »

Ce roman est surprenant. Très surprenant. Il faut pas mal de temps pour rentrer dedans, pour se familiariser avec les personnages, leur dynamique, leur environnement. Il est difficile de ne pas détester Ted mais petit à petit, je dirai qu'à partir de la moitié, on commence à comprendre. L’obsession de DeeDee devient la nôtre et on veut juste comprendre ce qu’il se passe dans la dernière maison avant les bois. L’écriture est déstabilisante car on alterne entre les différents protagonistes : Ted et DeeDee bien sûr mais également Lauren et le chat Olivia. 

Plus on avance dans l’intrigue et plus nos représentations sont malmenées, et même complètement déconstruites. L’esprit humain est tellement retors, complexe, que rien ni personne ne correspond à l’idée initiale de ce que l’on avait. 

L’auteure joue à nous perdre pour mieux nous surprendre et j’avoue qu’à certains moments, j’ai eu envie de sortir de cette forêt, ça ne m’amusait plus de jouer, je m’ennuyais. Mais en continuant, je me suis laissée happer par la curiosité (malsaine ?) et j’ai voulu avoir le fin mot de l’histoire.

En mettant en scène cette histoire terrible et ces protagonistes multiples et tous différents, hantés par le passé et les souvenirs douloureux, Ward braque la lumière sur une problématique si mal connue qu’elle en est même niée par beaucoup (je ne peux pas dire de quoi il s’agit sinon je gâche tout). 

Pas le roman de l’année donc mais un livre qui m’en aura encore appris sur le fonctionnement des humains et qui aura eu le mérite d’ébranler mes représentations sur certains points…


« une épreuve n'en est pas une si elle ne nous pousse pas dans nos retranchements. »

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