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La fille du pêcheur de perles

Lizzie Pook

« Quand les hommes reviennent, cependant, on attend de ces femmes qu'elles retournent tout simplement à leur place, telles des boîtes de conserve dans les profondeurs d’un vieux placard de rangement. »

Bannin Bay, Australie Occidentale, 1898. Eliza attend le retour de son père et de son frère. Ils sont partis il y a plusieurs semaines à bord du lougre familial pour une récolte perlière. Mais à l’accostage, il n’y a que Thomas. Le père a disparu, la nuit précédente. Au milieu de l’océan. Aucune trace de lutte ou de chute. Il était là et puis, le lendemain, il n’y était plus.

Déterminée à sauver son ami Baranni, arrêté pour le meurtre du capitaine et en fuite dans le bush, Eliza se lance à corps perdu dans une enquête qui lui permettra de s’assurer que son père est vivant, de le retrouver, et ainsi de prouver l’innocence de Baranni.

Dans ses investigations, elle ne renonce à rien, refusant de se plier au conformisme de sa situation de femme. Elle remue ciel et terre, va partout, voit tout le monde. Elle cède à la pression d’être accompagnée - pour sa sécurité autant que pour faciliter son enquête - par un jeune aventurier allemand, Axel.

Ensemble, dans des environnement hostiles, parfois accompagnés d’autres protagonistes de passage ou plus fidèles, ils se lancent dans une grande aventure avec pour seule boussole la certitude que le père d’Eliza n’est pas mort.

« … cet endroit n’est que murmure. Tranquille comme un secret aux yeux d’un observateur extérieur.»

C’est un grand roman d’aventure que cette fille du pêcheur de perles. Dans une Australie de la fin du XIXème, assez méconnue donc, aux dangers aussi multiples que les espèces d’animaux dans ses eaux, ses terres et ses cieux, une jeune femme refuse que le sort s’acharne - encore une fois - sur sa famille. Courageuse, têtue, moderne, Eliza a peur, peut-être, mais ne recule devant rien.

L’écriture est riche, d’un champ lexical maritime qui n’est pas toujours simple à comprendre quand on le découvre, mais jamais dissuasif : on trépigne avec l’héroïne, on se souvient avec elle, on espère, on a des moments d’abattement mais Eliza a en elle tellement de force et de courage que l’on s’impatiente de la voir se relever et repartir.

Ce premier roman est admirable, sincèrement, pour le travail de recherche dont il a fait l’objet, par la qualité de la narration, par la capacité à nous faire ressentir les dangers de l’environnement, l’injustice de la société anglaise qui a soumis toute une population à l’esclavage, tout en le dénonçant. Il y a un écho très fort dans ce sujet de la traite humaine avec Notre royaume n’est pas de ce monde de Jennifer Richard où l’on a vu les mêmes anglais s’insurger contre la barbarie du roi Léopold II au Congo.

Une magnifique aventure digne des plus grands auteurs du genre. Un merveilleux voyage dont on revient avec encore plus de questions et d’images d’ailleurs…


« Une femme n’a pas besoin de ressembler aux femmes du monde pour être belle. Votre âme est belle….»

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