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La joie

Charles Pépin

Ce (très) court roman donne envie d’écouter la musique d’Amélie Poulain à fond, de se rouler dans l’herbe au soleil, de profiter de chaque instant sans s’inquiéter du prochain, d’être dans le présent. Il donne envie de voir la vie en belle. Mais ça, c’est une fois qu’on l’a terminé.


Les premières pages interrogent, interpellent « il est con ou juste insensible, ce personnage ? ». Voilà ce que l’on se dit en faisant la connaissance de Solaro, dont la boîte d’évènementiel est au bord du dépôt de bilan, dont la mère est sur le point de mourir d’un cancer, qui se fait tabasser pour un mauvais regard… rien ne semble l’atteindre ni altérer sa vision joyeuse, heureuse du monde, de la vie.


Cette insouciance aura forcément raison de lui, car un drame, beaucoup plus inattendu que le décès de sa maman va se produire et Solaro va être confronté à son anormalité. Il va se rendre compte de son décalage : dans sa satisfaction innée, les autres ne vont voir que de l'indifférence, du détachement, de la folie. Solaro n’est pas comme il faudrait qu’il soit et sa capacité à voir le bon et le beau dans tout, ce qui a été ce pour quoi on l’aimait, ce don sera son pire handicap, ce qui le perdra, le condamnera aux yeux de la société.

"... Les fous, ça n'existe pas, ce sont juste des êtres qui n'ont pas encore rencontré le lieu de leur normalité".

L’histoire est simple, et au début, l’incrédulité et le jugement submerge le lecteur. Comme je vous le disais, on se demande s’il ne serait pas un peu couillon, ce personnage. Mais ce serait oublier que Charles Pépin est avant tout un philosophe, un penseur, qui sait sur quelles ficelles tirer pour faire réfléchir, prendre du recul et se poser des questions quant à notre propre système de pensée, notre propre capacité à relativiser, à tirer du positif, quelques soient les circonstances. Il grossit volontairement le trait, jusqu’à la caricature pour faire émerger une réflexion sur notre positionnement, nos représentations, et ce qui pourrait nous rendre un peu plus heureux…


"Je lui dis j'ai cette vie-là à aimer et que c'est bien assez. je lui dis que je ne veux pas de son espoir parce que l'espoir est un poison : un poison qui nous enlève la force d'aimer ce qui est là".

C’est une lecture sage, éditée dans la catégorie « romans » mais qui ira dans ma boite à outils de réflexions, avec L’âme du Monde de Frédéric Lenoir et Le Monde de Sophie de Jostein Garrder.


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