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La lumière du bonheur

La Traversé des Temps 4

Eric-Emmanuel Schmitt

« La conscience de leur vulnérabilité rend les humains meilleurs, plus tendres. On s’aime mieux lorsque la mort guette.» 

Après le Néolithique et le déluge, la Mésopotamie et la Tour de Babel, et l’Egypte des Pharaons et de Moïse, Noam traverse la Grèce antique à la naissance de la philosophie et de la tragédie. S’éloignant des épisodes bibliques, il offre ici un portrait intelligent et néanmoins critique d’un système de pensée et de gouverner qui a nourri bien des fantasmes. 


« Si notre intelligence bâtit facilement une théorie, seule notre bêtise y croit encore. »

L’Egypte enterre Noura et Noam sous les pierres d’une pyramide royale. Et quand ils en sortent, beaucoup de temps a passé. Les errances du trépas impossible les mènent en Grèce, où ils s’unissent à Sappho avant que l’éternel jeune homme, déçu et lassé, ne parte pour d’autres horizons. 

Sa rencontre et son amour pour la belle Daphnée le poussent à rejoindre Athènes, alors à l’apogée de sa splendeur et de son érudition. Entre les Jeux Olympiques, les Dyonisis, la démocratie, la philosophie, et tant d’autres choses à découvrir, Noam, alors appelé Argos se construit une vie, une famille, un cercle social. Il obtient le statut de citoyen d’Athènes, devient l’ami intime de Socrate, le condisciple d'Hippocrate, le fantasme d’Alcibiade.

Le temps passe, les épreuves aussi. La guerre fait rage entre Athènes et Sparte, les régimes politiques se succèdent après la mort du stratège Périclès, il est de plus en plus difficile de maintenir un régime démocratique juste. Sous les yeux de Noam, on assiste à la lente dégradation de la belle cité, et aux luttes de pouvoir non avouées. 

Mais Noam tient bon, amoureux qu’il est de Daphnée et père comblé de trois enfants. Il pourrait se satisfaire de cet état, mais c’est sans compter sur la réapparition de ceux qui ont reçu, comme lui, la foudre de l’immortalité : Noura, Derek et Tibor. A travers eux, il est rattrapé par son long passé et doit trouver le moyen de le fuir sans se mettre en danger et sans nuire à ceux qu’il aime.   


« La liberté de parler n'est rien si l'on n'a pas la liberté d'être entendu. »

Est-ce la période abordée ici ? la multitude de personnages ? les considérations politiques et les nombreux retournements ? Je ne sais pas ce qui justifie que je me suis moins plu dans ce tome que dans les trois précédents. Ceci dit, même si Noam m’a moins séduite, je n’en ai pas moins appris beaucoup de choses qui m’ont grandement intéressée, notamment en termes de philosophie et de tragédie. Le regard lucide porté par Noam sur l’écart existant entre les représentations que l’on a de cette époque et ce qu’il a lui-même vécu donne à réfléchir sur ce qu’est devenu le monde à la lumière des fausses vérités. 

Le fait que l’auteur se soit grandement documenté sur cette période lointaine de l’Histoire donne de la valeur à son récit, et même si le parcours de Noam/ Argos m’a paru moins passionnant que dans les épisodes précédents, ce que j’ai trouvé d’enseignements et de connaissances sur la Grèce Antique m’ont motivée à ne pas lâcher la lecture, malgré les moments de découragement. Sans doute ai-je également été frustrée par les intermezzo qui ne m’ont pas donné assez de réponses et qui se suivront sans doute ainsi jusqu’à la fin ultime. Noura m’agace, Derek agace Noam et ici, la présence de Tibor n’apporte rien. On ne va pas se leurrer, c’est aussi pour eux quatre qu’on s’accroche à cette grande saga, et ici, il manque quelque chose, ou plutôt il y a quelque chose de différent. 

Mon tempérament optimiste me pousse à croire que l’auteur pose ici des pierres pour la suite, sorte de teasing pour des éléments plus grands, plus graves aux conséquences plus importantes. Je reste sur mes nouvelles connaissances et ce léger passage à vide ne m’empêche pas d’attendre la suite avec impatience ! 


« Un adulte, aux yeux d'un enfant, c'est toujours une somme de secrets. »

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