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La mésange et l’Ogresse

Harold Cobert

Mai 2021. Les médias nous apprennent le décès de Michel Fourniret, l’ogre des Ardennes. Ce prédateur, violeur et tueur de nombreuses filles (condamné pour cinq meurtres et deux assassinats de jeunes filles en France et en Belgique, il a avoué 11 meurtres et est suspecté dans 21 autres affaires de disparition de fillettes et jeunes femmes) est mort sans avoir dévoilé l’intégralité de ses crimes.


Juin 2021, par un mystérieux hasard, je sors de ma bibliothèque un livre qui s’y trouve depuis pas mal de temps. Ce récit, au titre mystérieux, va m’emmener à l’intérieur de l’enquête, l’intérieur de l’horreur, dans les têtes du commissaire chargé de l’enquête et de Monique Fourniret, la femme du tueur en série.


Harold Cobert, sous la forme d’un roman incisif et efficace, nous fait découvrir, à coup de sauts dans le temps et dans l’espace, quel a été le parcours de ce couple : la rencontre, via petites annonces, le pacte, les machinations, les méfaits. Il dénonce également les limites financières imposées aux enquêtes et les difficultés liées aux questions politiques. Pour rappel, Fourniret a été appréhendé en Belgique, où il vivait avec femme et enfant depuis pas mal d’années, mais du fait de sa situation de frontalier, il a sévi indifféremment en Belgique et en France, ce qui a forcément entraîné des problèmes en termes de juridiction, entre autres.


Mais « la mésange et l’ogresse » est avant toute chose le portrait d’une femme : celle qu’elle veut montrer, celle qu’elle croit montrer, celle qu’elle est. Les rebondissements de l’affaire ont montré qu’elle était loin d’être l’innocente, l’ignorante. Cobert va plus loin. Sous sa plume, elle nous parait tour à tour sauvage, naïve, monstrueuse. L’écrivain démonte les apparences pour dévoiler la véritable personnalité de celle qui sera, sinon l’instigatrice des meurtres, du moins le moteur, la muse du tueur.


Comme je l’avais déjà souligné dans un post précédent, il est surprenant de constater, au fil des pages, que les pires horreurs ne relèvent pas toujours de la fiction, et que c’est dans les faits réels que l’on trouve les pires violences. Cobert a su tirer de ce faits divers macabre suffisamment de matière qu’il a su manier, sculpter, et nous rendre sous la forme d’un superbe roman qui prend au cœur et aux tripes, un roman qui glace le sang : ce n’est pas de la fiction, c’est pour de vrai, et c’est encore plus terrible du coup…


Parfois je me demande si nous n'avons pas les criminels que nous méritons. A glorifier ainsi la jeunesse dans son potentiel sexuel, pas étonnant que les pédophiles poussent à chaque coin de rue avec plus de virulence que du chiendent.

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