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La porte du ciel

La traversée des temps - Tome 2

Eric-Emmanuel Schmitt



« Le contenu d'une phrase leur importait peu : ne comptait point ce que l'on disait, mais qui le disait. En eux, l'obéissance meublait le vide laissé par l'intelligence.»

Qu'on soit ou non fan de Schmitt, ce livre est à lire. Qu'on soit ou non intéressé par la religion, ce livre est à lire. Qu'on soit ou non passionné d'Histoire, ce livre est à lire. Car il regroupe tout cela et bien d'autres choses encore qui font passer les 580 pages des aventures de Noam à la vitesse de l'éclair.


Nous retrouvons donc notre héros entre temps présent et passé très très passé. Alors qu'il a pour objectif de déjouer un attentat terroriste visant le système électrique et numérique de la terre entière, Noam prend le temps de se souvenir de ce qu'il a vécu à Babel, en Mésopotamie.

« L'univers s'offrait à moi, je m'offrais à lui. Je marchais dans l'évidence du monde. Mon émerveillement ne s'érodait jamais. La beauté supprimait la fatigue. De toute part surgissait l'injonction de vivre.»

Après sa décapitation, il a ressuscité (il n'a rien de divin, c'était juste un coup de foudre : lisez le premier tome pour mieux comprendre). Noura, son amour, sa chère et tendre fiancée, a pris soin de lui le temps de la guérison. La patience et les soins ont porté leurs fruits, Noam va bien. Et lorsqu'enfin, les deux amoureux peuvent envisager leur vie ensemble, la belle est enlevée par les troupes du terrible roi Nemrod qui règle sans pitié sur la grande cité de Babel. C'est lui qui a décidé l'érection de la tour, conseillé par son astronome et son architecte. Il veut rejoindre et tutoyer les dieux, il veut le pouvoir, il veut la toute puissance, il veut les plus belles femmes du monde, il veut, il veut, il veut.

Noam part donc à la recherche de sa belle, il traverse les terres, les pays, les villages, les temps. Il rencontre de nouvelles personnes auxquelles il mentira pour conserver son secret et pour s'allier l'aide nécessaire pour retrouver celle qu'il aime. Il finira par la retrouver, oui, mais c'est là que commencent de nouvelles mésaventures, de nouveaux chagrins, de nouvelles réflexions...

« Réussir ne consiste pas à acquérir quatre maisons, car tu n'en habites jamais qu'une et à l'intérieur, tu n'es que toi-même. Il ne faut pas posséder plus, mais exister mieux.»

Eric-Emmanuel Schmitt est définitivement un conteur. Et ce qui ne gâche rien, c'est que c'est un conteur documenté, érudit. A travers les aventures et les quêtes de Noam et de Noura, c'est bien sur les bases de l'Histoire, sur les origines du monde qu'il revient. En revenant sur les grands mythes des religions tels que l'histoire d'Abraham et Sarah par exemple, il explique ce qu'était la vie alors, d'où les écrits tirent leurs racines, ce qu'il faut savoir pour comprendre qu'il n'y a pas de magie, mais de l'érudition. Il trace un portrait juste de la civilisation mésopotamienne et, grâce à ses nombreuses explications, et ses parallèles entre les différentes époques, non seulement on apprend mais on comprend beaucoup de choses.

Ces apprentissages sont d'autant plus précieux qu'ils ne se contentent pas de nous enseigner le passé, non, il y a aussi une grande leçon d'humilité et d'humanité dans ce récit, qui réconcilie avec l'auteur et avec l'Histoire.

Un excellent moment de lecture donc, qui attise mon impatience concernant les six volumes à venir !

« On les fait parler (...), les prêtres prétendent que les dieux bavardent, mais ce sont leurs propres voix et leurs propres mots qu'ils leur attribuent. Des ventriloques, te dis-je !»


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