Franck Thilliez
« La colère maintenait en vie, faisait réfléchir, donnait des objectifs. La colère poussait le lion a tenter de fuir de sa cage à la moindre erreur du geôlier.»
Une jeune femme est retrouvée près d’un corps. Elle a avoué avoir tué l’homme. Mais après ça, plus rien. Elle n’a plus lâché un mot aux forces de l’ordre. Elle a pourtant raconté une histoire au psychiatre chargé de son cas, et c’est ce récit que le médecin va retransmettre à Camille, chargée de l’enquête.
Trois histoires de femmes. Lysine, une journaliste qui venue vider sa maison récemment cambriolée pour la vendre va trouver une bobine de film 8mm : un montage d’images toutes plus horribles les unes que les autres et qui vont embarquer la jeune femme dans une enquête sordide, à la recherche de la victime tuée sur la pellicule.
Julie, une gamine de 17 ans, kidnappée alors qu’elle était partie en balade en vélo et séquestrée par un homme qu’elle a connu, qu’elle a aimé, mais dont elle n’a pas su se méfier suffisamment.
Véra, une psychiatre retranchée dans un hameau abandonné dans les Vosges, une zone blanche, repère pour toutes les victimes des ondes : téléphones, wifi… Son seul moyen de communiquer avec l’extérieur en cet hiver rigoureux, c’est une vieille radio CB. Et pourtant, Sophie, une romancière de polar affronte les éléments pour venir la rencontrer et la convaincre… La convaincre de quoi ? Vous n’en saurez pas plus.
« Certains passaient de la dépression au génie en deux coups de pinceau, d’autres se guérissaient en créant. Avant de re-sombrer plus profondément encore.»
Voici du Grand, très Grand Thilliez dans le texte.
“Labyrinthes” porte tellement bien son nom ! Les parcours sont parfaitement décrits, les intrigues, indépendantes les unes des autres, sont ficelées à la perfection jusqu’à se rejoindre, forcément. Mais ce point, ce carrefour, même si on sait qu’il finira par arriver, nous surprend tout de même et savoir que ces femmes peuvent être les éléments d’une seule et même tresse n’enlève rien ni au suspense ni à l’impatience du lecteur.
On vibre, on tremble, on se balade de la région parisienne au fin fond des Vosges en passant par la Normandie et une cellule, une cage. On se promène dans le temps aussi, qui file au fur et à mesure du roman, et même sans date, on sait qu’il passe.
Thilliez fait plusieurs fois référence au travail d’écrivain, à ce qui inspire, ce qui pousse à aller toujours plus loin dans la description de l’horreur et la création de nouveaux thrillers. Cela pose forcément la question de son positionnement : où va-t-il chercher tout ça ? qu’est-ce qui le porte, qu’est-ce qui le motive, qu’est-ce qui l'inspire ? D’où tire-t-il ce don de nous tenir en haleine jusqu’au bout ?
Et aussi, une reconnaissance. Outre l’excellent moment de lecture, il y a ce sentiment que l’auteur fait confiance au lecteur pour relier les fils, et en l'occurrence les romans entre eux. Il y a des indices dès le début, des noms, des références qui, s’ils passent inaperçus pour les novices, renvoient forcément les fans aux romans précédents. Ainsi, on se sent presque privilégié. Alors que vous ayez lu ou non Le manuscrit inachevé et Il était deux fois, vous prendrez plaisir à vous perdre dans ce Labyrinthe, mais les avoir lus vous éclairera un petit peu dans les méandres de ce dédale autant tortueux que plaisant…
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