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Le chien des étoiles

Dimitri Rouchon-Borie


« On parle mieux avec le cœur quand on n’a pas les mains crasses. »

Commencer 2024 avec la biographie de Kafka était une mauvaise idée. Heureusement, Gio est arrivé et a donné à ce début d’année une meilleure saveur…


« la trahison a pas de sang, pas de patrie. »

Gio donc. Après plusieurs mois à l’hôpital, et notamment en réanimation, il rentre chez lui. Le coup de tournevis qu’il a pris à la tête et qui lui a presque coûté la vie l’a changé : il s’enfuit dans les étoiles dès qu’il le peut pour s’évader des cauchemars qui l’assaillent et de la réalité qui n’est plus à la hauteur de ses espérances.

Chez lui. Une caravane dans un champ, près de celle de ses parents. Dans sa communauté. Depuis qu’il est parti, d’autres sont arrivés, notamment La gamine , une toute jeune femme, belle comme le jour, qui suscite la convoitise des hommes et la jalousie des femmes et Papillon, un marmot d’une dizaine d’années qui porte en lui la violence dans laquelle il est né et qui est muet. 

Ces trois là se trouvent et se comprennent - l’adversité crée parfois des mélanges inattendus. Ils fuient ensemble une guerre de familles et arrivent dans une ville étrangère où ils vont devoir rester forts pour rester soudés. Dolorès (la gamine) est si belle et Papillon si vif qu’il n’y a pas de raison que Gio soit le seul bénéficiaire de leur loyauté et de leurs plus-values. Mais les enfants sont fidèles, ce qui leur sera fatal et conduira le grand frère d’adoption à fuir une nouvelle fois, à chercher un refuge et une forme d’expiation pour se pardonner… c’est dans la douleur qu’il trouvera une forme de rédemption. 


« on prouve et on exige si c’est nécessaire. On fait pas des morts sur de l’imagination, et par le dos. »

Il y a des romans, on tombe dessus par hasard et on se dit que le hasard fait vraiment bien les choses. Sans donner d’indications de lieu ou de temps, l’auteur nous plonge dans un univers fait de violences, de fuite mais aussi de poésie et d’amour pur. Gio est un jeune homme brisé, au sens strict comme au sens figuré, qui va trouver auprès de la gamine et de Papillon une chance de se reconstruire et de se trouver, de trouver sa place, son rôle. 

Il n’a plus qu’eux deux, il va donner tout ce qu’il a pour le protéger de la brutalité et des hommes. 

Ce récit est fort, comme Gio. Il est émouvant, poignant. Il nous emmène dans des contrées et des communautés méconnues, qui ne sont pas sans rappeler Le garçon du dehors de Jeanine Cummins, même si cette dernière a moins mis l’accent sur la rivalité et plus sur la pédagogie. 

Il est facile de se perdre dans les rêves et les étoiles au fur et à mesure des aventures de Gio. Comme lui, on préfère les virées nocturnes dans le ciel et la compagnie des animaux que la dure réalité de la terre ferme où tout n’est que négociations, menaces et guerres. 

Comme souvent aux éditions du Tripode, on se laisse transporter dans l’inattendu, le lyrisme qui adoucit la triste condition humaine (comme déjà constaté dans les romans de Mathieu Belezi)

Un roman coup de cœur donc, pour commencer l’année en beauté! 


« Parfois, mieux vaut une dette qu’un bon compte qui achève trop vite une histoire. »

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