Nicolas Beuglet
« Chaque époque a ses certitudes et le présent est parfois prétentieux lorsqu’il juge le passé.»
Dans la banlieue d’Oslo, en Norvège, un gardien d’hôpital psychiatrique appelle les secours. Un des patients, l’anonyme 488, s’est suicidé en s’étranglant à mains nues. Sarah Geringën, inspectrice taciturne et solitaire, est dépêchée sur les lieux et les premiers éléments de son enquête vont rapidement la surprendre. La mort de cet homme, interné depuis plus de 35 ans, est nimbée de mystères. Sarah tire sur le fil du secret et ses investigations l’emmènent à Paris, où elle rencontre Christopher, journaliste d’investigation et prof d’université, dont le frère est mort dans un accident de voiture quelques mois auparavant, laissant derrière lui un petit garçon dont le reporter a pris la responsabilité.
La flic n’a pas d’autre choix que d’entraîner l’homme dans son enquête : il est intimement lié aux événements tragiques de Gaustad et il va se retrouver directement impliqué dans la résolution d’une enquête portant sur une cause bien plus importante que le sort d’un seul homme.
Dans un contre la montre oppressant, Sarah et Christopher vont devoir unir leurs forces et leurs intelligences pour comprendre ce qu’a vécu le patient 488, où et pourquoi. Partant d’Oslo à Paris, puis à Londres, l’île de l’Ascension - île perdue de l’Atlantique, et dans le Minnesota, les deux compères vont braver mille dangers pour découvrir une vérité qui sauvera la vie d’un enfant et qui risque de changer la conception humaine de la vie et de la foi.
Poursuivis par des tueurs et poursuivant la vérité, ils ne s’arrêteront pas tant qu’ils n’auront pas tous les éléments pouvant les sortir de l’impasse dans laquelle ils semblent s’être laissés enfermés par un homme dont la soif de vengeance n’a de pareille que sa détermination à comprendre avant de mourir.
« La vie nous tuerait tous si nous n’avions pas l’oubli [...]. Cet oubli qui fait que nous ne pensons pas chaque seconde à l’absurdité de notre existence. »
Tout commence par une mort dans un hôpital psychiatrique à quelques kilomètres d’Oslo. Tout commence donc plutôt bien, j’ai envie de dire. Et puis de là, Sarah doit partir à Paris, rencontre un journaliste, qui est bizarrement lié à l’enquête, puis il y a d’autres ramifications et finalement, on arrive à une considération de l’avenir de la foi.
Oui, je sais, ça peut paraître frustrant que je dévoile la conclusion de l’épilogue. Mais ici, l’important n’est pas la destination (que je laisse volontairement floue) mais le chemin parcouru. Un chemin de 558 pages, et à l’empreinte carbone absolument catastrophique. Les personnages sont particulièrement fort, notamment celui de Sarah, femme courageuse et volontaire, au passé trouble et marqué par le drame, portée par sa volonté de trouver le pardon. Christopher est lui aussi attachant, mais d’une autre manière, et presque de façon mièvre : c’est quand même assez gros tout ce qui lui tombe sur le coin du nez. Trop gros. Pourtant, il reste courageux et volontaire. Il ne lâche rien, se sentant plus forte grâce à cette femme étrangère qu’il ne connaissait pas il y a encore deux jours.
Bref, l’écriture est très efficace et on a envie d’en savoir plus, de découvrir où tout cela va nous mener, et pas seulement géographiquement (c'est sûr, on voyage avec ce roman). Mais arrive un moment où vraiment, j’ai trouvé que c’était vraiment “capilotracté”, tiré par les cheveux de la métaphysique et de la conception théologique de la foi.
J’avais besoin d’un polar pour me changer les idées et me détendre dans mon parcours de lecture, objectif atteint. Ma curiosité a été titillée et je pense céder à l’appel de Jüng mais je pense que le trop d’infos et de rebondissements à portée internationale desservent ce roman qui a pourtant un énorme potentiel. Mitigée, je suis tout de même satisfaite d’avoir découvert un auteur à qui je pense donner une seconde chance, étant donné sa plume d’une grande efficacité…
« … il est dangereux de préférer croire plutôt que d’avoir envie d’être libre. »
Comments