Depuis quelques temps déjà, je prends conscience de l'importance de la bande-dessinée dans ma bibliothèque. Coup d'oeil sur cet art qui gagne à être valorisé.

Loin d'être une grande fan comme certains dans mon entourage, j'ai quelques volumes et ma collection a vraiment tendance à s'agrandir, mine de rien.

Dans une vie d'avant, j'habitais près d'Angoulême. Je ne connaissais de la BD que Tintin, Astérix et les autres héros de mon enfance et de celle de mon frère. Pour faire plaisir, j'ai accompagné sur un ou deux festivals et c'est tout un univers qui s'est ouvert à moi. On ne va pas se mentir, je ne suis pas non plus la plus grande des accros à cette forme de littérature mais je suis particulièrement sensible au dessin, au trait, et bien sûr à la capacité de transmettre quelque chose, une émotion, par le crayon.
Lorsque je regarde en arrière, mon premier coup de cœur, ça a été Loisel et son Peter Pan. Outre la finesse du détail, c'est aussi le décalage dans l'histoire que nous connaissons tous qui m'a séduite. Peter n'est pas celui de Disney, il est surprenant, méchant. Mais la maîtrise du dessinateur est telle que chaque page est un voyage, une explosion de couleurs, de détails, une parenthèse dans un voyage visuel.
Et après ? Après je me suis penchée sur Yslaire et sa série Sambre, puis sur la saga du Décalogue, qui revient sur les dix commandements, chacun d'entre eux étant dessiné par un artiste différent.
Ma vie d'avant s'est terminée, je me suis détournée de la BD. Croyais-je.
Parce qu'en fait, non. Ce dont je me suis détournée, c'est des séries, des grands noms du Festival ou des librairies. Mais le dessin est toujours là.
Et c'est sans surprise par Charlie Hebdo qu'il m'est revenu. Et plus particulièrement par Charb. On est très loin du trait chiadé de Loisel mais Maurice et Patapon sont de vrais compagnons de rire. On adhère ou pas, mais ce qui est sûr, c'est que Charb avait vraiment le don de nous faire nous esclaffer et de nous faire réfléchir.

Cette année, pour mon anniversaire, j'ai été comblée de cadeaux (merci merci) et parmi ceux-ci, pas moins de trois volumes. Charb, Coco, Luz... OK, trois dessinateurs de Charlie. Mais aussi et surtout trois artistes, trois dessinateurs différents qui manient le crayon et avec une dextérité surprenante.
En regardant ma bibliothèque, je trouve donc les contributeurs de Charlie, mais également des adaptations de romans. Cette mode, loin d'être mauvaise ou simplement marketing est, d'après moi, un coup de génie.
Je m'explique.

A l'heure où il est de plus en plus difficile de faire lire les gens en général et les jeunes en particulier, la bande-dessiné (ou l'album) est un moyen efficace et très bien pensé de recréer du lien. Prenons par exemple Au revoir là-haut ou Couleurs de l'Incendie de Pierre Lemaître, ou encore Puzzle de Franck Thilliez. Chacun de ces magnifiques romans font environ 600 pages. C'est très effrayant pour quelqu'un qui n'est pas attiré par la lecture. C'est même fatigant par avance, parce que ça entraîne chez le non-lecteur une appréhension du travail cognitif qui devra être fait pour se représenter ce qu'aura voulu décrire l'auteur.
Mais si vous lui mettez la BD dans les mains, ce n'est plus le même travail, ce n'est plus la même approche. On reste sur du visuel, mais aussi et surtout on reste sur du papier et de la littérature.
La bande-dessinée permet donc une approche double : la lecture et la sensibilité artistique. On peut ne pas aimer un dessin mais aimer l'intrigue, ou inversement. Mais l'idéal est bien sûr de trouver l'équilibre et de se sentir porté par les deux.
J'ai pour ma part une affectivité particulière pour le trait, et si le dessin ne me plait pas, j'aurai du mal à entrer dans l'histoire. Mais c'est parfois par intérêt de l'intrigue que je rentrerai dans le dessin et que je me laisserai finalement porter. Mais le plus important, c'est le lien affectif qui se fera avec le support. C'est ce lien là qu'il faudra valoriser et mettre en avant, pour prouver par A+B que le non-lecteur est en train de devenir lecteur.
Ce qui est sûr, c'est qu'il faut rendre à la BD, au manga et à l'album la place qui leur revient. Combien d'ados ou d'enfants clament qu'ils n'aiment pas lire alors qu'ils ont toute la collection des Naruto ou des Alix ? Comme il m'est déjà arrivé de l'exprimer ici, ce n'est pas parce qu'il y a des images que ce n'en est pas moins un livre, une entrée dans la littérature et dans le monde merveilleux des mots.
Par ailleurs, comme j'ai pu le constater personnellement par le passé, il peut s'avérer que la lecture d'une aventure de Tintin, par exemple, soit l'opportunité d'acquérir des connaissances et des compétences en Histoire, en Géographie mais être aussi un moyen de réapprendre à lire et à soulager, sinon soigner, certaines formes de dyslexie. Le dessin devient alors le support des mots et un moyen de faire des liens entre ce que l'on lit et ce que l'on voit.
La bande-dessinée est un art, la bande-dessinée est de la littérature, la bande-dessinée est précieuse...
“Dans une bonne bande dessinée, quelle qu’elle soit, le dessin reste la cerise sur le gâteau. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il est accessoire.” A. Jean
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