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Le garçon du dehors

Jeanine Cummins

« Qui a besoin de traîner des cadeaux avec soi quand le monde entier est comme un présent qui attend juste d'être déballé? »

Nouvel ouvrage de cette auteure qui m'avait littéralement bouleversée avec American Dirt il y a un peu moins de deux ans. Autre temps, autre pays, autre mœurs. Voici enfin le premier roman de Cummins, enfin traduit…


« Je me suis demandé si c'était possible que quelqu'un vous manque quand il avait jamais été là au départ. »

Irlande, 1959. Christy est un petit garçon de 11 ans, presque 12, élevé par son père avec ses grands-parents, son oncle, sa tante et trois de ses cousins. Une famille unie et nombreuse comme les autres. Ou pas. Parce que les Hurley sont des Pavlees. Une communauté de nomade irlandaise qui sillonne le pays dans leurs roulottes et leurs rites, dans le respect tout relatif de la religion catholique.

Quand Grand-Pa décède, Christy - Christopher - est confronté de nouveau à la culpabilité qu’il porte en lui, à savoir l’idée qu’il a tué sa mère à sa naissance. Mais un événement inattendu va remettre en cause toutes ses convictions : en trouvant un article de journal et parce que son certificat de baptême est requis pour pouvoir recevoir la première communion, le garçon va se rendre compte que l’idée dans laquelle il a grandi n’est peut-être pas la vérité.

Alors que son clan a décidé de rester plusieurs semaines dans une petite ville et que son cousin et lui sont scolarisés, Christy décide de mener une enquête pour en savoir plus sur ses origines tout en tentant de se faire une place parmi les enfants de son école. Pas facile de se battre contre les secrets des siens et la défiance des autres. Mais Christopher est un garçon têtu et courageux, qui a décidé de ne rien lâcher.


« Tu sais, quelquefois, quand on tombe amoureux de quelqu'un... en réalité, ce dont on tombe amoureux, c'est de l'image que l'autre vous renvoie de vous. »

C’est donc le premier roman de l’auteure. Mais sa troisième publication en France, après le magistral American Dirt et le très dérangeant Une déchirure dans le ciel. En renouant avec ses racines irlandaises, Cummins nous présente une communauté qui m’était jusqu’alors inconnue : les travellers. Toujours présente en Irlande, cette collectivité - que l’on pourrait comparer aux gens du voyages sur le continent - parcourt le pays à la recherche de travail mais à l’écart des sédentaires. Catholiques, ils s’arrangent avec leur foi pour être dans les clous, s’assurer une place au paradis tout en survivant de l’aumône et de la charité des personnes qu’ils croisent.

Mais au-delà du statut particulier des Pavlees, ce roman traite de la différence, de son acceptation, de l’enfance et du mensonge. De comment cet enfant a été élevé dans l’idée qu’il était responsable de la mort de sa maman, de comment il a grandi auprès d’un père aimant mais taiseux, de comment il doit, tout d’un coup, se confronter à la sédentarité par l’école et ce qu’il découvre de lui-même.

Parfois difficile à suivre par le choix narratif de l’écrivaine de tenter d’écrire à hauteur du gamin, cette histoire prend car elle est universelle par son thème : l’amour. L’amour parental - et tous les sacrifices qu’il nécessite, l’amour entre deux jeunes personnes de milieux différents - et l’impossibilité de le vivre, l’amour d’une famille - et des racines qu’elle représente, même quand on bouge tout le temps. Premier roman signifie un peu de bancalité mais le potentiel est bien là, la richesse de l’écriture et la puissance du lien. Et c’est en écrivant ces mots que je me rends compte que c’est de ça qu’il s’agit exactement : pas besoin d’une maison, d’un lieu fixe : les fondements d’une personne ne sont pas dans la terre mais dans les personnes que l’on aime.


« Le rivage ne peut pas plus partir avec l'océan que l'océan ne peut rester avec le rivage. »

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