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Le soir du chien

Marie-Hélène Lafon

« C’est ça une rencontre, le moment où deux nécessités se nouent ».

Le temps presse. Mme Lafon nous fait l’honneur de venir rencontrer les lecteurs de la Bibliothèque demain et je me rends compte, avec une pointe de honte, que je n’ai pas encore lu un de ces livres. Comment ai-je pu passer à côté depuis 20 ans qu’elle écrit ? Mystère. Mais je travaille à rattraper mon retard.

Curieuse des débuts, j’ai tout naturellement commencé ma découverte de cette auteure par le premier de ses romans, écrit en 2001 et directement plébiscité, notamment par le Prix Renaudot des Lycéens.


Marlène est belle, très belle. Elle est normande, a été élevée par ses grands-parents maternels car sa maman, mère-fille, ne pouvait pas assumer sa charge. L’enfant a grandi dans le deuil de son oncle décédé prématurément et au milieu de la boulangerie de ses aïeuls. Elle a fait son petit bout d’enfance sans trop de bruit, sans vacarme, sans se faire remarquer autrement que par ses traits, sa beauté, sa discrétion.

C’est au cours de vacances en Normandie, chez sa mère, qu’elle rencontre Laurent. Ils tombent amoureux, elle quitte le bord de mer pour la campagne du Cantal. Ils s’installent, s’aiment, se construisent leur nid d’amour sous le regard pas toujours bienveillant de ceux qui les entourent, de la bibliothécaire aux parents, grands-parents, frères, connaissances. Et puis, il y a le chien. Ce canidé qui est offert à Marlène et qui se fera renversé par une voiture, un soir de promenade. Ce chien qui sera conduit chez le vétérinaire du village. Ce chien qui sera, sans le vouloir le déclencheur de la fin du couple que la belle jeune femme formait avec son électricien de mari.


« Ils s’imaginent que si on parle pas des problèmes, ils cessent d'exister. On oublie, on s’habitue, on s’arrange. C’est vivre. Ils voient rien ; ou font comme si ».

Le ton est abrupt comme on imagine les conversations des gens de là-bas, de ce pays que l’on doit sentir couler dans ses veines pour l’aimer vraiment. Les phrases sont courtes, acérées, elles vont droit au but, sans fioritures, sans ambages, sans tourner autour du pot. On a du mal au début à comprendre qui utilise le “je”, qui nous parle de cette jeune femme si belle, si lumineuse. On a du mal à se repérer, le temps des premières pages, dans les différents personnages, qui sont les habitants du village qu’est le roman. Et comme dans une bourgade, on s'habitue, on se souvient, on fait les liens, on aime et on souffre avec Laurent.

J‘ai reconnu, peut-être à tort, des inspirations de “L’été meurtrier” de Japrisot dans le personnage de Laurent et le talent de la plume de Martin Winckler et de sa “Maladie de Sachs” dans la construction même du texte. Ces rappels sont doux, agréables, et traduisent une maîtrise de l’écriture et des caractères prometteurs… Du coup, j’ai hâte de lire les suivants, et ça va aller vite, je n’ai plus que 23 hrs devant moi avant la rencontre !


« Quelque chose m’échappe, glisse. Je la perds ; je suis en train de la perdre au long des jours qui me séparent du temps que nous avons vécu ensemble. Nous se vide de sa substance».

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