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Les auteurs et nous

Lire un livre, c’est faire connaissance avec celui qui l’écrit… qu'en est-il quand on les rencontre en vrai ? On ne peut pas s’entendre avec tout le monde, si ?


Jean-Paul Didierlaurent


A l’occasion de la Saint Valentin, mon amoureux extraordinaire m’a encore offert des livres. D’aucuns diraient que cela manque d’originalité, moi j’étais plus que ravie, d’autant qu’il y en avait un qui ne faisait pas partie de ma liste d’envie : Paradis Perdus d’Éric-Emmanuel Schmitt.

J’ai découvert cet auteur il y a pas mal d’années avec La part de l’autre, que j’ai trouvé absolument fantastique. J’ai lu l’an dernier Journal d’un amour perdu qui m’a pas mal touchée. Et là, non. Ça ne prend pas. Les premières pages du premier volume de La Traversée des temps n’opèrent pas vraiment la même magie.

Il y a un truc qui me dérange dans cette écriture. Et j’ai finalement compris de quoi il s’agissait.



Comme je l’ai déjà écrit à plusieurs occasions, j’aime regarder ou écouter La Grande Librairie. Je trouve ça super d’écouter les auteurs parler de leurs romans. Sauf que… sauf que je n’ai pas aimé le discours, la posture, de Schmitt. Je n’ai pas aimé le voir ni l’écouter. Il était à des millénaires de l’image que je m’étais faite de lui. Un peu comme quand on se projette un film du roman que l’on lit et que les acteurs choisis sont aux antipodes des personnages qu’on avait dans la tête (c’était Anne Hathaway qu’il fallait choisir dans les Fifty Shades !!).


Je trouve très impressionnant le pouvoir de l’imagination, du cerveau, la capacité de projection et même, j’ose le dire, la part de fantasme que l’on pose sur un auteur en fonction de ce qu’il écrit. On préfère se dire que celui que l’on n’aime pas est moche, bossu et vieux. Ou alors un peu trop beau pour être écrivain. Je sais, c’est nul comme réflexion, mais c’est la vérité comme elle est dans ma tête (et dans mon cœur). En ce qui concerne EE Schmitt, je ne me l’imaginais pas comme ça. Pas du tout. Et j’ai été profondément déçue. Pas tant par son physique que par sa voix, son ton, son comportement… et je suis persuadée que cela a joué sur ma lecture.


De la même manière, j’ai adoré le discours et l’humilité de Camille Kouchner, Lola Lafon, Leïla Slimani et ces impressions positives m’ont conditionnées à accueillir leurs écrits avec une sorte de bienveillance et une grande impatience.


« La lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés ». Descartes



Et puis il y a les auteurs que l’on a la chance de rencontrer « en vrai ». Et cela aussi à son importance car cela influera sur la manière dont on abordera l’œuvre par la suite. La disponibilité de la personne, la possibilité de dialoguer (ou non), sa gentillesse (ou non), l’acceptation des retours mitigés (ou non).


Avant la période Covid, j’adorais l’idée d’aller rencontrer les auteurs, que ce soit en dédicace ou en salon. Mon préféré restant Saint Maur en Poche pour son côté familial, accessible, bon enfant.

A cette occasion, j’ai eu la chance de rencontrer et d’échanger avec pas mal d’auteurs. Les plus sympas ont accepté la photo en plus de la gribouille dans le livre. Pour d’autres, c’est moi qui ai refusé la photo.


Aujourd’hui, il y a en librairies des Stars, des têtes d’affiche. Ceux qui écrivent beaucoup et vendent énormément. Ils sont une sorte de label en fin de compte, et peut-être cèdent-ils à la pression des éditeurs qui veulent toujours plus. Mais le plus est l’ennemi du bien, de mon point de vue. Et un auteur qui sort un à deux romans par an, c’est louche et pas franchement rassurant.

Vais-je ou ne vais-je pas donner des noms ? allez, je me lance, tant pis.


Mes plus grosses déceptions :

Michel Bussi : pas très souriant, pas très ouvert à la discussion, et une fâcheuse tendance à se décharger en mode « ce n’est pas moi c’est mon équipe ». A se demander qui a écrit ses derniers romans puisque la qualité baisse et la quantité augmente. Avec un défaut remarqué à plusieurs reprises qui consiste à prendre des libertés sur la chronologie et la géographie (ce qui la fout mal pour un prof de géo, justement). Je n’ai pas aimé notre unique rencontre et comme je n’ai plus aimé ses romans depuis lors, je me demande s’il n’y a pas un lien de cause à effet…


Jean-Christophe Grangé. Bon, j’excuse ce dernier, que j’imagine moins coutumier des salons. Il avait l’air tellement perdu ! et pourtant il était attendu. Mais il aura fallu insister pour obtenir un sourire et encore plus pour une petite photo (oui oui, je ne voulais pas lâcher le bout de gras, Grangé étant mon entrée dans le polar, il a une aura sacrée). Bizarrement, après cette rencontre, j’ai eu du mal à apprécier La dernière Chasse


Le pire du pire : Guillaume Musso. Presque une heure de retard sur l’horaire prévu. Et des dédicaces à la chaîne, sans un regard pour ses interlocuteurs. J’avoue avoir un peu de caractère, surtout quand je patiente longtemps en plein soleil avec ma fille alors âgée de 7 ou 8 ans. Un des auteurs préférés des français ? bah euh, seulement une partie… je l’ai trouvé désagréable, mal-aimable et un peu trop diva à mon goût. Il a tendu la main, a dit « prénom ? » et a attendu que je lui tende mon livre. Bah non. Ça ne passe pas, pas du tout. Et je lui ai dit. Ce qui n’est pas passé des masses non plus. Je ne l’ai plus jamais lu depuis.



Des gentils, des touchants, des abordables, des humbles.

Heureusement, heureusement, il y en a d’autres. Me viennent de suite en tête

  • David Foenkinos (tout en sourires),

  • Ghislain Gilberti (tellement passionné que j’ai lu après l’avoir rencontré !),

  • Philippe Jaenada (prompt à discuter facilement),

  • Franck Thilliez (mon chouchou qui a l’air tellement timide que je me demande comment il peut imaginer des scénarios si torturés et si sûrs d’eux et que je dévore littéralement à chaque sortie),

  • Olivier Norek (généreux, drôle et disponible, même pour les questions les plus bêtes, ...).



Et celui qui m’a le plus touchée, par sa grandeur, sa posture, sa gentillesse et son accessibilité, c’est Philippe Lançon. Cet homme « cassé » qui a su se reconstruire petit à petit par l’écriture notamment, dont les yeux trahissent la crainte, a été sans conteste ma plus belle rencontre littéraire de chair et d’os (Si vous n’avez pas encore lu Le Lambeau, ne perdez plus une minute !)


D’autres encore se prennent au jeu des dédicaces et on sent bien qu’ils sont conscients que s’ils sont là, assis dans un salon ou un évènement, s’ils peuvent continuer à vivre leur passion d’écriture, c’est parce que nous autres lecteurs sommes là pour le leur permettre.


« La lecture est un pacte de générosité entre l’auteur et le lecteur ; chacun fait confiance à l’autre, chacun compte sur l’autre, exige de l’autre autant qu’il exige de lui-même.» Sartre

Il y a des écrivains avec lesquels j’adorerais pouvoir échanger : savoir ce qui les anime, ce qui les inspirent, d’où ils sortent tout ce qu’ils ont dans la tête. Des auteurs qui, dont les lignes et les mots traduisent une grande humanité. Olivier Mak-Bouchard, Franck Bouysse, Yasmina Khadra, Joël Dicker, Arnaldur Indridason, Emmanuel Carrère… et mon chouchou parmi les vivants, j’ai nommé Pierre Lemaître


Appel à vous, appel à eux, à qui je dis toute mon admiration…






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