Chahdortt Djavann
C'est suite à la lecture d’une chronique publiée dans @CharlieHebdo, que j’ai découvert cette auteure iranienne qui m'a ouvert les yeux.
Elle décide de parler de son pays, l'Iran. Pays qu'elle a fui, pays qu'elle connaît mais ne comprend plus. Le point de départ de ce travail d'analyse est un fait divers. Un homme a été arrêté par les autorités et mis à mort. Il avait tué des prostituées. Comprendre qu'il les a lapidées puis enterrées, ne laissant dépasser que la tête de la victime. La condamnation à mort, à nos yeux, semble pleinement mérité, non ? Mais attendez. Il n'a pas été abattu pour avoir tué ces femmes, mais parce qu'il a eu des rapports sexuels (forcés) avec elles. Tant que les viols n'avaient pas été prouvés, cet homme était considéré comme un héros, nettoyant les rues de sa ville, polluée par les prostituées.
Djavann dénonce : elle dénonce bien, elle dénonce juste, elle dénonce fort. Elle dénonce la condition féminine en Iran depuis le changement de régime en 1979. Elle dénonce la violence faite aux femmes : tu nais fille, tu pars déjà avec le plus gros des handicaps. Tu as 9 ans, on te marie, tu ne dis rien, tu te laisses faire. Ton mari meurt ou est emprisonné, c'est de ta faute. Tu ne peux pas obtenir le divorce s'il est emprisonné, tu n'as absolument aucun pouvoir. Si tu te plains, tu es battue.
Si ton mari est mort, tu ne peux retourner chez toi car tu es déshonorée. Tu peux te prostituer, en jouant le jeu de ces mollahs qui vont te marier pour quelques jours ou même quelques heures.
Tu dois rester dans le droit chemin et faire comme si tu ne voyais rien des abus de sexe, d'alcool et de drogues, comme si tu étais aveugle à l'hypocrisie de ce régime extrémiste qui prêche le faites ce que je dis et non ce que je fais.
En fermant ce court livre, j'ai ressenti une douleur intense, en même temps qu'une reconnaissance infinie. Douleur pour toutes mes soeurs femmes qui souffrent parce qu'elles n'ont pas d'autres choix. Reconnaissance d'être née en France, reconnaissance d'être aimée et respectée en tant que fille, mère, soeur, femme...
A lire, pour remettre les choses dans leurs contextes, prendre conscience de la violence du monde et apprécier ce qui doit l'être.
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