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Les ravagé(e)s

Louise Mey

S’il y a une chose que j’adore entre toutes, c’est de tomber sous le charme d’un roman, alors que je ne le connaissais ni d’Eve ni d'Adam. Il y a tellement de livres qui sortent chaque année, chaque mois même, que c’est facile de passer à côté d’une pépite. Et sa saveur n’en est que plus exquise.


Alex(andra) est lieutenant de Police dans une brigade spécialisée dans les affaires d’ordre sexuel : harcèlement, viols, incestes,... Un jour, Camille - pendant une livraison de nuit - est victime de viol avec violence aggravée. Mais aucune plainte n’est posée. Pendant l’enquête (qui s’avère compliquée car la victime ne veut rien dire, encore moins à la femme flic), un autre acte de barbarie sexuelle est remonté à Alex et son coéquipier Marco. Andréa, au sortir d’une boîte de nuit, dans un tunnel : viol avec violence extrême, à la limite entre la vie et le trépas. Mais là, il y a plainte. Et tout change, parce qu’avec cette plainte, nous réalisons que Camille et Andréa sont des hommes et non pas des femmes comme tout pouvait le laisser penser. Et après avoir un tantinet galéré dans la description de cette brigade et de ses difficultés quotidiennes (un peu comme dans le film Polisse), le roman prend de l’élan et nous embarque dans une enquête hors du commun, qui casse les idées reçues, les codes et les normes.


Louise Mey renverse la tendance : ce ne sont plus les femmes qui ont peur, ce sont les hommes. Ils ne trainent plus le soir, ils se protègent. Du coup, les chiffres de la délinquance baissent et l’activité du commissariat avec eux. C’est un roman qui pose la question de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. Ce qui est normal, banal, et qui ne devrait pas l’être. C'est un portrait glaçant de la réalité des femmes du 21ème siècle : vigilance partout, tout le temps, parce que la violence des gestes et des mots est omniprésente, exacerbée par l’anonymat offert par les réseaux sociaux. Le rapport de force est inversé, les bourreaux deviennent victimes et du même coup, c’est toute une société qui commence à réfléchir et à se repositionner dans ses mœurs.

Nous, femmes, ne devrions plus avoir peur.

Vous, hommes, ne devriez plus être la cause de cette peur.


Un roman policier qui peut paraître cousu de fil blanc à certains égards mais qui mérite grandement d’être lu. Par des hommes, surtout.


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