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Les refuges

Jérôme Loubry


«… les ruptures se nourrissent du temps et du silence. Elles dévorent nos remords et les digèrent jusqu’à les rendre inaudibles. »

C’est un roman, un auteur, que j’ai beaucoup vu passer ces derniers temps, et quand j’ai fait le tri de ma bibliothèque, je me suis rendue compte que je l’avais. Entre deux challenges, petite pause polar bienvenue.


« Les peurs ne disparaissent pas en grandissant. Elles deviennent plus subtiles. Elles se font oublier. Elles ferment juste les yeux.»

Tout commence en Novembre 1949. Sur une plage, une femme promenant son chien trouve d’abord un puis plusieurs autres cadavres d’enfants.

Novembre 1986, Sandrine, journaliste dans une petite publication locale, est contactée par un notaire pour aller toucher l’héritage laissé par sa grand-mère Suzanne, sur une petite île normande. Au fur et à mesure que Sandrine avance dans cette découverte, on découvre pourquoi Suzanne, jeune femme de 38 ans, s’est retrouvée gouvernante sur cette îlot en 1949. La vocation du directeur est de créer une colonie de vacances pour des enfants qui doivent faire le deuil de la terrible période de la guerre de 39. Au fur et à mesure que la petite fille - et le lecteur - découvre(nt) ce qu’a vécu la grand-mère, on se rend compte de l’horreur, de la perversité derrière l’isolement des insulaires et ses terribles conséquences.

Nous faisons ensuite la connaissance d’un inspecteur, Damien, qui a fui son ancien commissariat et son passé douloureux. Il est amené à mener l’enquête sur une jeune femme, retrouvée couverte de sang sur une plage. A qui appartient ce sang ? Qui est-elle ? Que cache son récit terrible ? Comment la psychiatre qui la suit peut aider à la comprendre et à démêler le vrai du faux…


«… parfois, les hommes dansent avec le diable et, souvent, c’est lui qui sourit… »

J’ai dévoré ce polar. Littéralement ! J’ai eu beaucoup de mal à le lâcher une fois entamé, parce qu’une fois entré dans la vie de Sandrine, on n’a qu’une envie, c’est de savoir. Savoir ce qu’a vécu Suzanne, ce qu’a fait Sandrine, ce qu’elle a subi, ce que Damien a traversé, comment tous ces personnages s’en sortent, finalement.

J’ai été, à un moment donné, perturbée par des similitudes avec d’autres romans noirs lus ces derniers temps, à commencer par Le manuscrit inachevé et Labyrinthes de Thilliez, mais aussi Léonie de Charine. Mais je n’ai pas été dérangée suffisamment pour que cela gâche mon plaisir. Les aller-retours entre 1949 et 1986 sont rondement menés et nous entraînent dans des temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Une nostalgie des années 1980, des investigations où le flair, la conviction avaient encore toute leur place. Les personnages sont attachants. On serait prêts à tout leur pardonner, même l’impardonnable.

On sent par ailleurs un réel travail sur la psychiatrie en général, les processus de fuite psychiques en particulier. Tout se tient, tout fait sens. Les informations ne nous perdent pas, et à aucun moment on ne se sent largué, contrairement à certains romans qui peuvent parfois prendre le lecteur de haut…

Première lecture de Loubry, je peux d’ores et déjà dire que ce ne sera pas la dernière !


« De manière consciente ou inconsciente, nous sommes les bâtisseurs de ce qui nous aide à traverser les épreuves de notre existence. »


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