Jérôme Loubry

« Parfois il faut savoir entendre les voix, notre salut se trouve peut-être à l'intérieur des mots...»
Julien est un jeune officier de police qui a reçu une offre plus qu’intéressante pour rejoindre le commissariat de la petite ville de Montmorts. Après des années de service dans de grosses brigades, c’est une occasion de se mettre au vert et au repos dans ce village, propriété de Monsieur de Thionville.
Le flic prend très vite ses marques entre l’auberge de Mollie, la bibliothèque regorgeant de grands classiques de la littérature, le central muni des dernières technologies de pointe en surveillance de sécurité. Le maire ne recule devant rien pour assurer le confort de ses administrés.
Mais très vite, des évènements étranges viennent perturber ce que Julien pensait être une petite vie tranquille. Des voix, des bruits, des comportements le dérangent. Il en vient à se méfier de ses coéquipiers, des habitants, de sa raison même. Monsieur de Thionville lui ayant par ailleurs demandé d’enquêter sur la mort de sa fille, dix ans auparavant, l’agent navigue entre les affaires courantes et ce dossier classé. Plus il avance dans ses investigations, plus les drames s’accumulent, et par drames, je veux dire morts.
Le berger, le glandeur, le retraité, les aubergistes, le chauffeur de bus, les officiers de police eux-même… tous ont des choses à cacher, à se reprocher, des doutes sur leur santé mentale. Et Julien, au milieu de toute cette folie, doit démêler le vrai du faux, dans une bourgade hantée par les légendes de sorcières et de fantômes.
« Parfois, certaines personnes ne savent simplement pas comment parler aux gens, et cela en froisse quelques-uns… »
Nouvelle pause dans mon aventure en cours. Il me fallait du rapide, de l’efficace, du suspense… J’ai trouvé tout cela dans ce roman de Loubry, conseillé par l’auteur lui-même après ma lecture de ses Refuges il y a peu.
Comme dans le précédent, il s'agit ici d’une mise en abîme. On commence par Camille et Elise, qui prennent la route parce que l’une a promis à l’autre un scoop pour lancer sa carrière de journaliste débutante. Alors qu’elles roulent vers une destination inconnue, Camille prend connaissance des mésaventures de Julien et des drames qui ont frappé Montmorts et ses habitants. Ce n’est qu’à l’issue du roman que le lecteur découvre comme le flic, ce qui est vérité et ce qui ne l’est pas.
Agrémenté de références à de grandes œuvres littéraires comme Le Petit Prince ou des pièces de Shakespeare, mais également de faits scientifiques sur les influx électriques du cerveau, ce roman prend aux tripes et nous entraîne toujours plus loin dans le doute et l’incompréhension. Et on aime ça ! Il est difficile de quitter le village une fois qu’on y est entré, dans tous les sens du terme, et on est tenu en haleine, parce qu’on se demande toujours ce qui va bien pouvoir nous tomber dessus.
Ce n’est pas attendu, ce n’est pas du Lemaitre, mais ça happe, ça change les idées et ça nous entraîne comme un bon film à suspense. De nombreuses similitudes de construction avec Les refuges me font dire que l’auteur a trouvé son style, et qu’il faut être attentif à ne pas reproduire systématiquement le même schéma. Mais pour les Soeurs de Montmorts, ça marche!
« Tout acte possède un but précis, et votre présence ici n'échappe pas à la règle. »
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