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Limonov

Emmanuel Carrère

Est-il besoin de rappeler à quel point je me retrouve dans les écrits de Carrère ? je ne crois pas, mais tout de même… Quel voyage l’auteur m’-a-t-il une nouvelle fois offert !!

Après s’être penché sur la vie de Romand dans l’Adversaire, Carrère s’est intéressé de près à la vie épique d’Édouard Savenko, plus connu sous le nom de Limonov. Poète et auteur russe à la vie pleine de rebondissements, il a toujours su comme rendre sa destinée plus héroïque, parce que c’est comme ça qu’il voulait son destin : rageur, dissident, valeureux, audacieux.


Petites villes d’Ukraine, Moscou, New-York, Paris mais aussi Sarajevo, Riga, République Serbe, Altaï jusqu’au camp de travail d’Engels… autant d’endroits qui ont vu grandir puis évoluer celui qui interpellait par ses écrits et ses prises de positions, systématiquement dans l’opposition mais rarement dans la violence. Limonov a su tirer de ses expériences des écrits qui n’ont d’abord pas beaucoup intéressé le public mais qui ont, au fur et à mesure que sa vie avançait et que son nom circulait, attiré de plus en plus de lecteurs à travers le monde.

Sa vie est une aventure, celle qu’il a su se créer en se relevant après chaque déconvenue. Qu’on l’admire ou qu’on le conspue, on ne peut que s’accorder sur son courage et sa pugnacité.


Et qu’a fait Carrère de ce destin ? un livre difficile à lire, certes, mais un livre à lire car il inscrit la vie de Limonov dans un contexte historique plus large qui permet au lecteur novice (comme moi), de mieux appréhender la politique Russe, du communisme à l’arrivée de Poutine. En mêlant le destin d’Édouard à celui de sa patrie, il donne un éclairage sur l’évolution de l’ex-bloc soviétique, sur les magouilles du pouvoir, sur le « c’est plus compliqué que ça » de la sortie du communisme qui n’a pas été si positif que ça pour beaucoup de russes.


On sent dans les lignes et dans les mots de Carrère un travail de recherche très minutieux en même temps qu’une volonté de ne pas être indigeste : en prenant le parti de nous parler de lui en parallèle de Limonov, il ancre ce récit dans une réalité qui nous est plus proche et qui, du coup, nous touche davantage (en tous cas, c’est l’effet que cela m’a fait). En tant que biographe, il a su creuser toujours plus profondément pour proposer au lecteur une approche humaine du sujet.

Et lorsque, comme moi, on n’en est pas à son premier Carrère et qu’en plus on ne les lit pas dans l’ordre de parution, il est rigolo de reconnaître, dans les lignes d’un livre paru en 2011 les prémices de ce qui sera écrit plus tard, que ce soit dans le Royaume ou dans mon livre de chevet : Yoga.


Cet ouvrage n’est pas mon préféré de Carrère, mais il me laisse, une nouvelle fois, la satisfaction d’avoir passé un moment en compagnie d’un bon ami, d’avoir eu une conversation qui m’aura laissée une impression d’apprendre et de grandir.


 

A lire : cet interview de Limonov à propos du livre écrit par Carrère, article écrit et édité par "Le Point" pour

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