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Lincoln Highway

Amor Towles

« …celui qui abîmait les pages d'un livre adoptait un comportement de Wisigoth. Cela revenait à porter un coup à la plus noble et la plus sacrée des réalisations humaines… »

Emmett sort de la maison de correction de Salina après 12 mois, pour bonne conduite et pour s’occuper de son petit frère Billy à la suite de la mort de leur père. Il rejoint son Nebraska natal pour apprendre que la ferme familiale a été saisie par la banque à la suite à la faillite paternelle. Il n’a plus rien. Excepté sa voiture, achetée en son nom propre grâce à ses travaux de menuiserie. Les deux garçons décident de recommencer leur vie de zéro, de rejoindre San Francisco (où, est persuadé Billy, se trouve leur mère) par la Lincoln Highway, cette route traversant les USA d’Est en Ouest (et inversement).

C’était sans compter sur l’arrivée autant soudaine qu’inattendue de Duchess et Woolly, incarcérés avec Emmett, qui se sont faits la malle dans l’espoir de rejoindre le nord de l'État de New-York où attend l’héritage de Woolly. Les frères Walter se retrouvent tout à coup sans argent, sans voiture et dans la direction opposée à celle décidée initialement. Les aventures et les rencontres se succèdent, comme dans le livre que le petit garçon emmène partout avec lui. De péripéties en péripéties, de bonnes actions en lâchetés, de rencontres en retrouvailles, tels Achille, Napoléon, Ulysse et d’autres grands aventuriers, ils vont devoir traverser des épreuves, faire preuve de courage et de bonté, surmonter les difficultés et ne pas perdre de vue leur objectif.


« Ce qui vaut la peine d'être appris ne se trouve pas toujours dans les pages d'une encyclopédie, (…) la route fut mon école, l'expérience mon manuel, et le destin capricieux mon maître. »

Un gros pavé pour une grande aventure, un grand roman. Dans tous les sens du terme. Cette aventure a été une découverte des plus plaisantes. Drôle, émouvante, surprenante. Les personnages sont attachants, le voyage exaltant, le courage toujours présent. Amor Towles est une découverte pour moi qui ne l’avait jamais lu, mais j’ai vraiment beaucoup aimé son écriture simple et sans chichis, sans fausse intelligence, accessible et néanmoins d’une profonde sagesse. Ses narrateurs et protagonistes ont tous une place, comme des pièces de puzzle qui, même si elles paraissent insignifiantes, sont essentielles pour que l’image soit complète. J’ai eu un coup de cœur en particulier pour Woollly, sorte de Forrest Gump à qui tout ne sourit pas mais qui lui continue de sourire à la vie. Ulysse, grand homme noir dont l’espoir renaît grâce à Billy et l’Odyssée d'Homère. Même Duchess, dans sa roublardise, est adorable de bonnes intentions maladroites.


« Comme cela aurait été formidable si la vie de chacun d’entre nous avait été une pièce de puzzle ! Parce que, alors, aucune n'aurait constitué une gêne pour les autres. »

C’est, sans conteste, un roman qui doit faire parler de lui par sa qualité et sa capacité à nous faire traverser les émotions comme les Etats. Dans une Amérique de 1954 où le gouffre est abyssal entre la campagne et la ville, les blancs et les noirs, les hommes et les femmes, ceux qui ont la foi et ceux qui ne l’ont pas. Un récit magnifique, à mettre dans toutes les mains !


« Le Seigneur (...) te remet sur tes pieds en te faisant voir que tu es seul et oublié. Car c'est seulement quand tu es réellement abandonné que tu acceptes l'idée que la suite des événements est entre tes mains à toi. »

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