Julia Kerninon
Liv Maria est le fruit de l’amour entre une insulaire bretonne et un voyageur norvégien. A ses 17 ans, suite à une agression sexuelle avortée, elle est envoyée à Berlin. C’est là qu’elle connaîtra l’amour avec un grand A, dans les bras d’un professeur d’anglais.
A l’issue de l’été, Fergus rentre chez lui en Irlande, laissant la jeune fille sans nouvelle et sans espoir. Quelques mois plus tard, les deux parents de Liv Maria meurent. Elle rentre sur son île, et décide de mener sa vie, aux quatre coins du monde, sans attache, comme l’orpheline qu’elle est devenue. C’est après quelques années d’aventures au Chili qu’elle rencontre Flynn, en tombe amoureuse et construit avec lui une vie de femme, d’épouse, de mère. En Irlande.
Parce que la vie est pleine de surprise et de rebondissements, de coïncidence et de choix, c’est de cette façon qu’est construit ce roman. Liv Maria a une vie qui ne ressemble à aucune autre, elle est libre, mais peut-être pas tant que ça. Elle se laisse porter par ses envies et ses rencontres, par ses souvenirs aussi.
Elle est parfois dépassée par ce qui lui arrive, de beau comme de tragique. Elle ne prend rien pour acquis mais comme le résultat d’un choix : le sien ou celui du destin. Elle peut être aimable, et elle l’est. Mais au fond d’elle, elle ne croit pas à cet amour, à ce bonheur, et se méfie d’elle-même.
Ses choix sont audacieux, mais auréolés tout de même d’une certaine facilité qui n’est pas celle offerte à tout le monde, ce qui rend ce destin assez extra-ordinaire, dans le sens où une certaine chance (malgré les décès et les accidents) l’accompagne et lui permet de prendre ces décisions. D’aucun aimerait pouvoir agir comme elle, sans en avoir les possibilités matérielles et financières. Et on sort de ce roman partagé entre l’admiration pour le courage dont elle fait preuve et le dégoût devant sa lâcheté.
Ce que je retiens de ce roman, c’est que nous sommes le produit de nos choix, pas seulement de la destinée. Que nous pouvons avancer dans la direction que nous voulons, mais je n’adhère pas à cet individualisme, ce nombrilisme qui semble être celui de l’héroïne : nos décisions propres ont des conséquences sur les gens qui nous aiment, et ne pas les prendre en considération, c’est de l’égoïsme, c’est de l’insensibilité, c'est une incapacité à aimer, vraiment…
« Le contraire d’oublier ce n’est pas se souvenir – c’est apprendre. »
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