Elizabeth George
J'avais fait la connaissance d'Elizabeth George il y a quelques années avec "Anatomie d'un Crime". Je me souvenais à la fois de la lenteur et de l'intensité de l'écriture, et ce sont des caractéristiques que j'ai retrouvées dans "Mal d'Enfant".
Déborah et Simon veulent un enfant. Mais Déborah a déjà fait plusieurs fausses couches en peu de temps et l'adoption devient une solution envisageable pour son mari. Mais pas pour elle. Un jour de chagrin et de pluie, elle se réfugie à la Tate Gallery à Londres et fait la connaissance d'un pasteur, Robin Sage. Ce dernier est gentil, à l'écoute. Il propose à Déborah de venir passer quelques jours dans son village avec son mari, au Nord de Londres, pour faire le point et se ressourcer.
Quand le couple arrive dans la bourgade en question quelques semaines plus tard, ils apprennent que Robin est mort, "accidentellement" empoisonné. Simon travaillant étant médecin légiste, plusieurs détails le dérangent dans ce qui lui est rapporté et il décide de faire venir son ami et néanmoins collègue Linley pour enquêter sur la mort de l'homme de Foi.
De là, beaucoup de personnages, beaucoup de croisements, beaucoup de drames et de confrontations. Beaucoup de questions et beaucoup de neige.
Linley, Simon et Déborah ne lâcheront rien tant qu'ils n'en auront pas le coeur net : le pasteur n'était pas si innocent que ça, les choix moraux des uns et des autres dépassant le cadre de la loi et de la religion, les remises en question des représentations sont multiples et douloureuses.
Dans le village, tout le monde se connaît, tout le monde a des choses à se reprocher, tout le monde a des secrets et des vilenies. Même ceux que l'on pense le plus innocents ne le sont pas.
Ce roman m'a paru quelques fois long. Elizabeth George aime à décrire ses lieux et ses personnages dans le détail, parfois trop en détail. Mais tout est important, ou presque. Elle aurait pu faire l'impasse sur quelques personnages qui n'ont pas tant de poids que ça mais leur présence ajoute un peu d'habitants au village ; bizarrement, plus il y a de monde, et plus c'est étouffant, oppressant, de vide et de solitude. Tout le monde connaît tout le monde mais est-ce que tout le monde est prêt à aider tout le monde ? On parle souvent de la solidarité dans les petits villages, d'une forme de solidarité (pour le pas parler de fraternité) mais George, avec sa plume acérée, casse aussi cette représentation et nous montre les dangers des secrets dans la communauté.
Un roman qui fait réfléchir à la vie "ensemble" mais aussi au lien qui unit un parent à son enfant, et à ce que nous serions prêt à faire pour protéger notre progéniture, y compris contre elle-même.
Les enfants vous volent bien plus que votre cœur. Ils vous volent votre vie. Ils font sortir de vous le meilleur et le pire, et en retour ils vous donnent leur confiance. Mais le prix à payer est incroyablement élevé et les récompenses minces et longues à venir.
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