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Memory

Arnaud Delalande

A Annecy, on enterre Guy Ricœur . L’ancien flic est décédé des longues suites d’un Alzheimer précoce. Collègues et amis entourent Jeanne, sa fille adoptive, elle-même devenue lieutenant de police depuis peu. La jeune trentenaire n’a plus personne, sa mère Alice étant elle-même morte quelques années auparavant. Le deuil, le chagrin, les souvenirs aussi, l’empêchent de dormir, d'y voir clair et de guérir. Pour l’aider à se sortir de l’enfer de la tristesse, elle est envoyée par son supérieur mener l’enquête dans un centre d’accueil, sorte d’asile pour malades de la mémoire. C’est là qu’a été trouvé un corps, pendu. Marcus, ancien comptable devenu handicapé après un accident de moto, se serait suicidé lors de sa fête d’anniversaire, entouré par les autres patients. Tous ont assisté à la scène mais aucun ne s’en souvient car il sont tous amnésiques antérogrades. Ils ne parviennent pas à se souvenir d'événements récents et ne peuvent que très difficilement acquérir de nouvelles connaissances. Dépendants de leurs notes et de leurs téléphones, ils ne peuvent se fier à leurs facultés mentales.

Coincée à cause d’une tempête de neige dans ce bâtiment aux faux airs d’Overlook Hotel de Shinning, Jeanne va aller au bout de ses investigations, malgré les insomnies, les hallucinations, les mensonges et les manigances des différents habitants du foyer qui ne sont pas tous ce qu'ils prétendent.


« … le portable était déjà le réceptacle d’une énorme charge affective, intégré en tant que véhicule de stimuli émotions et mémoire de substitutions »

Quatrième et dernier roman lu dans le cadre de la sélection #nouvellesvoixdupolar2022, ce thriller français est aussi celui que j’ai le moins aimé. Malgré un pitch très prometteur, à savoir une enquête dans un cadre particulier où la mémoire fait défaut, ce qui l’entoure est à la fois lourd et indigeste. J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup trop de digressions et l’intrigue en elle-même met trop de temps à se mettre en route au bénéfice d’une intrigue parallèle autour de Jeanne et de son adoption qui, loin d’apporter de la matière, participe à perdre le lecteur. A plusieurs reprises, je me suis agacée de ces détours qui m’ont empêchée de profiter pleinement de l’enquête et des personnages au demeurant intéressants. Le huis clos pèse positivement, porte le suspense et le sert, tout comme l’amnésie des protagonistes et le travail de réflexion et d’inventivité dont doit faire preuve Jeanne pour aller au bout et trouver la solution.

C’est, je dois l’avouer, une libération de l’avoir enfin fini car je ne me suis pas sentie à l’aise dans cette narration, dans ce décor, avec cette femme flic torturée. Je ne me suis pas sentie appelée par la forêt, la neige et le décor en général, dans lequel je n’ai pas réussi à me projeter.

Peut-être n’était-ce pas le bon moment, peut-être ai-je trop lu de polars ces derniers temps, peut-être en sais-je trop sur la mémoire et ses particularités, je ne sais pas. Je me refuse à mettre toute la responsabilité de l’échec de cette rencontre sur le roman seul, mais non, je ne valide pas.


« On meurt tous. Faut sortir un peu pour grandir. La vie, ma cocotte (...) c’est pas un spectacle pour les enfants. »

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