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Nature humaine

Serge Joncour

« Chaque vie se tient à l’écart de ce qu’elle aurait pu être.»

Décembre 1999. A quelques jours du passage à l’an 2000 et de la grande tempête qui a ravagé une partie du paysage français, Alexandre, un agriculteur, revient sur les 25 dernières années. Depuis la sécheresse de 1976, les événements se succèdent et rendent la vie de l’exploitant toujours plus compliquée.

Depuis tout jeune, le garçon sait que c’est à lui que reviendra la charge de la ferme familiale, parce que ses trois sœurs visent plus haut, plus loin (vraiment plus loin). Il se politise, assiste à l’élection de Mitterrand, agit en sous-main contre l’énergie nucléaire, souffre des nouvelles normes toujours plus drastiques et de la loi du marché qui vont l’obliger à revoir sa manière de faire, sa façon de procéder et de travailler sa terre, de traiter ses bêtes, de faire avec l’environnement. Mais toujours, toujours, il s’accroche à Constanze, cette jeune allemande rencontrée en 1980, qui sera l’amour de sa vie sans le savoir, sans le vouloir.

25 années de progrès, de changements, de révolutions, vues à travers le prisme de la campagne, la vraie, celle qu’on ne voyait qu’au journal de Pernault.


« La nature est un équilibre qui ne se décide pas, qui s’offre ou se refuse, en fonction des années. »

J’avais découvert Serge Joncour avec Chien-Loup il y a presque deux ans et il m’était resté de cette lecture une envie de vide, de pureté, de campagne et d’isolement. Une ambition de simplicité mais teintée de la triste réalité, celle du progrès qui écrase tout, comme un bulldozer construisant une autoroute à travers nos paysages. C’est exactement ce qui est exprimé dans « nature humaine » mais avec encore plus de rage, plus de dédain, plus de dénonciation.

Pendant qu’à Paris, Toulouse ou Bordeaux on se félicitait des avancées technologiques et environnementales, les provinces souffraient, se vidaient, se ravageaient : autoroutes, centrales électriques, fermetures de gares…

Du Larzac à la tempête de 1999, tout y passe, tout les dépasse et laisse ces gens simples, de bonnes volontés et plein d’espoir sans possibilité d’agir.

C’est un roman dans lequel j’ai eu du mal à rentrer, moi la citadine d’hier. Mais une fois dedans, j’ai eu beaucoup de mal à en sortir, avec cette envie de redécouvrir les champs, les forêts et la campagne alentour.

A lire pour comprendre les transitions, les changements, bouleversements et l’abnégation de ces français loin de Paris mais si ancrés dans la France rurale…


« Le progrès, c’est comme une machine, ça nous broie. »


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