Arnaldur Indriðason

Petit voyage rapide en Islande avec un auteur que j’apprécie et dont je lis, pour la première fois, un roman sans son fameux inspecteur Erlendur ! Plongée au milieu d’un complot militaire plein de rebondissements !
« La vérité et le mensonge ne sont que des moyens d’arriver à une fin.»
1945. Un avion allemand repeint aux couleurs des USA est pris dans une tempête et s’écrase sur le glacier de Vatnajökull. Les passagers meurent très vite du froid et de la faim. Une première expédition est menée pour retrouver l’épave, sans succès. Une autre à la fin des années 1960 sous couvert d'entraînement de l'équipage d'Apollo. Mais rien à faire : la neige et la glace ont avalé le Junker.
En 1999, Elias part avec une équipe de sauveteurs s'entraîner sur ce terrain dangereux. Il tombe nez à nez avec l’armée américaine, qui a enfin retrouvé l’avion après plus de 50 ans. Le jeune homme appelle sa sœur Kristin pour partager avec elle son enthousiasme et sa perplexité avant d’être arrêté par les services secrets. Commence alors pour la jeune femme une course contre la montre et contre l’armée américaine qui ne veut surtout pas qu’il y ait la moindre fuite sur cette opération.
L’avion et surtout les documents qu’il transportait revêtent une importance capitale pour l’équilibre politique mondial et la divulgation de la moindre information ferait courir de grands risques à tous les protagonistes. Kristin fuit, tente de savoir ce qui est arrivé à son frère, pourquoi il est si important que cet avion soit rapatrié aux USA et ce qu’il contenait de si crucial. Entre 1945 et 1999 puis 2005, une plongée dans l’Histoire et la place stratégique de l’Islande lors de la Seconde Guerre Mondiale…
« Nous réinventons l’Histoire en fonction de nos intérêts.»
Indriðason ne me déçoit jamais. J’ai toujours une petite pointe d’ennui mais jamais l’envie de m’arrêter. Je suis systématiquement happée par ce rythme doux mais intense, ce ton lent mais profond, ces intrigues alternant passé et présent, ces analyses fines des situations antérieures et actuelles. L’occupation de l’Islande par les forces alliées lors de la Seconde Guerre Mondiale puis pendant la Guerre Froide ont induit une sorte de dépendance financière entre le pays et les armées étrangères, qu’il s’agisse des américains ou de l’OTAN.
Déjà dans la trilogie de l’Ombre, Indriðason dressait un portrait assez peu flatteur de ceux qui se targuent d’avoir sauvé le monde en général et l’Europe en particulier. Dans Opération Napoléon, l’auteur revient sur les magouilles politiques dont la première puissance mondiale aurait pu se rendre coupable.
C’est un peu tiré par les cheveux peut-être, mais ça tient la route !
Je ne peux rien dire sans prendre le risque de divulgacher l’intrigue, mais je ne peux qu’encourager à plonger dans cette Histoire, celle de l’après 1945, celle des manigances et des plein-pouvoirs, celle de la corruption et du complot, du secret et de tout ce qui est mis en place pour qu’il soit gardé !
Un excellent Indriðason donc !
« Vous m’avez dit un jour que l’histoire de l’humanité n’était rien d’autre qu’une succession de crimes et de malheurs. Eh bien, c’est aussi une succession de mensonges savamment construits.»
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