Marine Carteron
« Une histoire avec des mois, des années, des vies courtes, des générations. Le temps des hommes, mesurable oubliable. Une chance que n'ont pas les dieux »
Vingt ans avant la chute de Troie. Athéna cherche encore et toujours un moyen de retrouver sa sœur, son amante, l’amour de sa vie, Pallas, qu’elle a tuée par accident et dont Zeus a enfermé l’âme dans une sculpture de bois, le Palladion. La boiserie a été mise à l’abri dans un temple de cité et la déesse ne peut pas s’en approcher.
Par amour, la fille du dieu des dieux et des hommes est prête à tous les sacrifices, à toutes les manigances. Et pour cela, elle va utiliser, manipuler, berner aussi bien les bien les mortels que les Olympiens, qu’ils soient troyens ou grecs.
Ainsi donc, nous suivons la déesse et ceux qui l’entourent pendant vingt ans, ce qui n’est rien pour les immortels mais beaucoup pour les soldats et les civils. Vingt années pendant lesquelles Mélénas va tout tenter pour récupérer sa femme Hélène, volée par Alexandre. Pendant lesquelles Tecmesse, à la suite d’Oenone, sera celle qui accueillera la parole de Pallas, rencontrera Ajax et lui donnera un fils avant que le colosse ne soit tué de la main même de sa protectrice, Athéna. Il fallait faire un choix.
Beaucoup de rebondissements, de manigances, de complots, de trahisons, de morts aussi pendant ces vingt ans, et plus particulièrement pendant les dix qu’ont duré le siège de Troie par les grecs, avant que ces derniers ne puissent pénétrer la cité et la détruire grâce à la ruse du cheval si connue.
Vingt années pendant lesquelles certaines femmes, quelles qu’elles soient et d’où qu’elles viennent, font preuve d’autant de malice, d’intelligence et de machiavélisme que les hommes les plus cruels. Quand on n’a pas droit à la parole, il reste la ruse, le plus important étant d’arriver à ses fins, ce qu'Athéna est bien décidée à réussir, envers et contre tous, à commencer par son propre père.
« Le principe des mortels... c'est qu'ils meurent.»
Dernier tome de la trilogie destinée à un public d'adolescents, Sous L’œil d’Olympe est aussi celui que j’ai préféré. Il y a toujours autant de personnages mais j’ai eu le temps de me familiariser avec eux et j’ai installé une sorte de distance qui me permet de ne m’attacher qu’aux protagonistes principaux et aux faits. Je n’ai pas (encore) lu l'Iliade mais j’en ai de plus en plus envie, à la lumière de cette version du siège et de la guerre de Troie que nous propose l’auteure.
Autant le point de vue des femmes m’avait dérangé dans le premier tome, autant là, il y a eu un déclic, un lien qui s’est fait avec une autre écrivaine que j’adore et qui raconte l’Histoire à travers le prime du « sexe faible », Philippa Gregory. J’ai adoré assister aux ruses, aux manigances de ces femmes, mortelles ou déesses. J’ai aimé aussi que la sexualité soit si libérée, non pas qu’elle soit explicite, mais - d’une certaine manière - normalisée. Apollon aime un homme, la sœur d’Athena est en fin de compte sa maîtresse, il n’y a pas de différence entre hétérosexualité et homosexualité, cette dernière faisant partie de la norme, en quelque sorte.
Un bouquet final fantastique pour cette saga qui a le mérite de donner à lire une version moderne et énergique d’un très grand classique de la littérature helléniste, en donnant envie de se plonger dans les écrits d'Homère et des grands tragédiens.
« L'information met quelques secondes à faire son chemin dans l'esprit (...), la preuve qu'on peut être très intelligent et parfaitement stupide à la fois.»
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