Valentin Musso
« … à tout prendre, il vaut mieux risquer de blesser les autres en parlant qu’en se taisant.»
Musso, ce nom est bien connu. Mais pas encore associé au prénom de Valentin dans mon esprit de lectrice. Alors pour rencontrer cet inconnu, je me suis lancée dans ce roman sorti en mai de l’année dernière et qui m’avait été chaudement recommandé par un habitué de la Bibliothèque.
L’action principale se déroule en 2008. Nina, environ 70 ans, est en vacances dans un club aux environs de Nice. Au bord de la piscine, elle reconnaît un homme. Elle le suit jusqu'à sa chambre. Elle le poignarde. Et va se prostrer ensuite dans le silence le plus complet, laissant sa victime entre la vie et la mort.
Son fils, Théo, va devoir mener l’enquête pour comprendre ce qui a poussé sa mère à commettre cet acte si violent, si éloigné de ce qu’il connaît d’elle.
D’Avignon à Lausanne, Genève, Paris et Marseille, les secrets se défont, entre le passé et le présent. Les horreurs subies par la mère dans les années 1960 rejaillissent sur le fils qui se prend tout ça en pleine figure, avec plus de quarante ans de macération. La Suisse, si lisse en apparence, révèle au fil des pages une Histoire peu flatteuse de sa gestion des “enfants à problèmes” sur la période des années 1930 au début des années 1980, et notamment des jeunes filles, internées le plus souvent sans savoir pourquoi. Les institutions cantonales ayant pour vocation de rééduquer les enfants étant, pour la plupart, des lieux de violences et de maltraitance.
« Ne sommes-nous pas le plus souvent les pires observateurs et les pires juges de nos propres vies ? »
J’avais été prévenue : Valentin et Guillaume ne sont pas dans la même catégorie. Ah bon ? Sur ce premier coup d’essai avec Valentin, je n’ai pas vu grande différence. Si le sujet de fond est passionnant et la réalité Suisse glaçante, le style d’écriture lui, est facile, beaucoup trop facile. J’ai, à un moment donné, cru qu’il y avait quatre mains dans ce roman : celles du présent et celles du passé. Des mains inégales, irrégulières, les plus récentes indignes de celles d’avant.
Cette dichotomie ne m’a pas empêchée d’aller au bout de la lecture, car, encore une fois, le sujet abordé des centres cantonaux est passionnant et cela fait du bien, de temps en temps, de constater que la Suisse n’est pas un Eden mais un pays avec ses failles, comme tous les autres.
Au demeurant, il y a trop de secrets dévoilés, trop de fils qui se dénouent, trop trop trop, et du coup, ce qui aurait pu être vraiment exaltant si cela avait été plus poussé dans la recherche (à savoir ce qu’il se passait vraiment dans les institutions et la responsabilités des autorités familiales et politiques) perd de sa force à cause des autres drames, pas tout à fait aboutis non plus.
C’est un roman qui a du potentiel mais que j’ai trouvé trop facile, trop en surface, et c'est bien dommage. Comme je ne suis pas du genre à condamner dès la première lecture, je donnerai sans aucun doute une seconde chance à cet auteur. Mais juste une.
« Le mensonge n’a jamais guéri personne… Il permet de gagner du temps, de nous faire croire que les choses s’améliorent, mais il ne guérit pas. »
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