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Question de genre

Qu'est-ce qui définit un genre ? Comment décide t'on de la catégorie dans laquelle cataloguer les ouvrages ? Question sans réponse…

J'aime à dire que j'aime les polars, les romans policiers. Mais autant il est aisé de dire qu'il y a des policiers dans les romans policiers, autant les polars, le suspense, c'est plus compliqué. Depuis que je travaille en bibliothèque, je m'étonne souvent du classement, du rangement, du référencement. Pourquoi par exemple, va-t'on trouver La femme à la fenêtre d’AJ Finn dans les romans policiers alors que Histoires de la nuit de Laurent Mauvignier n'y est pas ?


« Dans un mauvais roman policier, le coupable n'est jamais loin, c'est l'auteur. » R. Sabatier

La question du suspense est d'après moi plus importante que le métier des protagonistes. Si on prend Artifices de Claire Berest, par exemple. Abel Bac est flic. Il est suspendu, certes, mais il reste un agent de police. Et il a beau mener une enquête, hors cadre professionnel, et bien ce roman ne se range pas vraiment dans la catégorie des policiers. A contrario, La fille du train (de Paula Hawkins) dans laquelle il n'y a pas vraiment d'inspecteur, est quant à lui dans la catégorie RP. Il y a de la tension dans les deux, de la recherche, une enquête, des rebondissements et la mort rode.


Quelques-uns des romans que j'ai lus ces derniers mois ne sont pas, je trouve, bien référencés. Aussi parce que les temps changent, les auteurs évoluent et se cherchent dans de nouveaux styles d'écritures et d’intrigues. Claire Berest (encore elle) et Abel Quentin l’expliquaient, fin novembre, lors de la présentation de leurs romans respectifs à la Librairie « Les Echappées ». Il y a des sujets qui inspirent, qui poussent, qui tirent, et font accoucher d’ouvrages qui surprennent autant ceux qui les écrivent que ceux qui les lisent.

Aujourd'hui, un héros n’a plus besoin d'avoir sa carte de police pour suivre une piste et chercher qui est le coupable. La divorcée alcoolique ou la veuve dépressive peuvent aussi tirer le fil du suspense et résoudre l'énigme. Comme l'universitaire du Da Vinci code se retrouve mêlé à une investigation autour d'une œuvre d'art ou l’auteur de Joël Dicker, en perte d'inspiration, va creuser sur des meurtres perpétrés des dizaines d'années auparavant dans L'énigme de la chambre 622.

« Le roman policier peut être en prise directe sur la vie, permettre à un auteur de traiter sous forme de roman de grandes affaires criminelles … ». J. Jaubert

Je ne peux m'empêcher de me poser la question à chaque fois. Est-il judicieux de continuer à ranger les romans selon ce classement ? Pierre Lemaître est-il le maître du polar ou le maître tout court ? La classification ne devrait-elle pas se faire davantage sur la quantité de suspense ou le principe même d'enquête, qu'elle soit policière ou autre ? Ou tout simplement de tension, de folie, de recherche ou parfois même de reportage.



Un autre exemple, très parlant pour moi. Philippe Jaenada, dans ses ouvrages, revient sur des faits divers et des enquêtes, criminelles la plupart du temps. Et bien qu'est-ce qui justifie que La petite Femelle soit classifié comme roman et Au printemps des Monstres ou La Serpe comme romans policiers ? D’autant que ce ne sont en plus pas des romans mais des rapports d'enquêtes, enquêtes menées de main de maître (encore ce mot) dans les archives, les bibliothèques et sur internet...

Et si on me cherche un peu, je peux citer plein d’autres exemples, et notamment celui que je vénère depuis bien longtemps : Sébastien Japrisot, qui nous transporte quelque que soit le sujet de ses romans : de l’histoire d’amour des Mal Partis à ses huis clos angoissants tels que Le Passager de la pluie ou même tous ses autres œuvres d’art : Un long dimanche de fiançailles, L’été Meurtrier, La Passion des femmes ou encore La dame dans l’auto avec des lunettes noires et un fusil… pour ne citer que ceux-là (oui, j'ai lu absolument tout ce que ce virtuose de la plume a écrit!)


Je ne sais pas, je suis un peu perdue. Et cela me perturbe de ne plus savoir comment classifier un ouvrage.


Mais pour le coup, une autre question se pose, et non des moindres : a-t 'on toujours besoin, envie ou nécessité de poser une étiquette, un genre ? est-ce que ce n'est pas une manière d'enfermer un écrivain dans une case ? Lemaître (encore et toujours lui) est un des meilleurs exemples qui soient pour prouver qu'un auteur compétent et doué est capable de passer d'un style à l'autre sans difficulté aucune et avec beaucoup de brio ! Après tout, c'est aussi pour ça qu'on les aime, non ?



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