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S'adapter ou mourir

Antoine Renand

« J’efface. Et tout va bien dans le meilleur des mondes.»

Ambre a tout juste 17 ans quand elle fugue avec son amoureux. Sur le chemin vers la côte d’Azur, ils s’arrêtent chez Baptiste, avec qui elle a tissé des liens d’amitié forts et à distance grâce à une messagerie instantanée. Le jeune couple est est loin d’imaginer que le voyage finira là et qu’Ambre sera séquestrée pendant des années par celui qu’elle pensait être son ami.

Arthur a 40 ans lorsque son couple s’écroule, l’obligeant à travailler comme modérateur pour le plus puissant des réseaux sociaux. Son rôle ? Supprimer et éventuellement signaler les vidéos les plus violentes et contraires à la déontologie du réseau. Confronté tous les jours à la violence filmée et diffusée, il sombre petit à petit dans l’alcool et les drogues. Jusqu’à ce qu’il se décide, avec 3 amis, à agir. C’est cet élan qui lui fera croiser le chemin d’Ambre. Ces deux destins vont se percuter de plein fouet, nous laissant sans souffle.

La croisée des chemins d’Ambre et d’Arthur aura des répercussions, forcément, et des conséquences au long court, auxquelles il faudra faire face…

« Chaque être a ses limites. Et la perte de l’espoir est certainement la pire de toutes, plus dangereuse encore que la privation d’aliments. »

Antoine Renand m’avait enchantée avec son « Empathie » il y a quelques mois. Sa maîtrise de la psychologie des personnages est toujours bluffante et dans les deux parcours parallèles abordés ici, on sent le soin et la quête de sens, de crédibilité, faute parfois de savoir où l’auteur veut nous emmener.

C’est la séquestration et la souffrance d’Ambre, prête à tout pour garder la vie sauve. C’est la perte de repères et de stabilité d’Arthur qui se perdra dans la cruauté de ce qu’il voit et son incapacité à agir. Ambre et Arthur mettent du temps à se croiser, et ça paraît parfois long pour le lecteur. Mais la rencontre est sublime, sensée, forte. Et elle aurait dû marquer la fin du roman. A quelques choses près.

J’avoue m’être un peu ennuyée dans le dernier quart qui, de mon point de vue, n’était pas justifié, pas nécessaire.

Le choc de cette lecture est brutal car il nous dévoile une violence dont tout à chacun peut se rendre coupable et à laquelle nous sommes tous confrontés, impuissants ou insensibles devant nos écrans. Et c’est une leçon qui aurait mérité, je pense, qu’on s’y arrête, sans épilogue.

« Ce monde absurde, trop souvent infâme, je vais continuer à y vivre. A ma façon. (…) D’un pas déterminé j'avance, plus près des morts que des vivants.

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