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Sa préférée

Sarah Jollien-Fardel

« Qu’est-ce qui est pire? Être un salopard ignare ou un homme subtil, mais suffisamment lâche pour ne pas voir qu’une gamine de 8 ans a été rossée ?»

Comment grandir sereinement et devenir une femme épanouie quand tout ce que l’on a connu c’est la violence du père?

En 200 pages, Sarah Jollien-Farfel retrace 30 ans de la vie de Jeanne. Depuis toujours, elle a été témoin des coups que recevaient sa mère et sa sœur, n’étant elle-même pas en reste. Trouvant une échappatoire dans les études, elle fuit le domicile parental pour l'internat et assiste de loin à la déchéance des femmes de sa vie. De rencontre en amours, elle va tenter de ne pas être la fille de son père, d’être plus douce, plus calme, moins lâche que ceux qui savaient mais ne faisaient rien pour les aider, pour les sortir de l’enfer de la violence.

Le suicide de sa sœur ne fait que la conforter dans sa colère, sa haine, sa dureté. Elle s’en veut comme elle en veut à la terre entière et ne trouve le réconfort et la paix nulle part.

C’est l’histoire d’une fillette, d’une jeune fille puis d’une femme que les coups de son père ont cassée, dans tous les sens du terme, et qui ne peut être réparée que par elle-même, seulement si elle le veut.


« Je réalisais que, dans la solitude de ma chambre, grâce à mes lectures hasardeuses et vagabondes, des liens s'étaient tissés malgré moi. »

C’est une histoire coup-de-poing, rapide et forte comme une gifle. Plébiscitée de tous les côtés, elle est franche, directe, honnête. On a l’habitude des adultes ravagés par des enfances violentes. On lit d’ailleurs beaucoup, ces derniers temps, des récits sur le même thème, ce qui peut - à la longue - lasser quelque peu. Non pas que je devienne insensible mais la vérité, c’est que ce court roman est celui de trop pour mon petit cœur. Les cris, je les entendais, les coups, je les recevais, la peur, je la ressentais, la colère bouillait en moi.

Partagée entre indigestion et chagrin, je me demandais quand tout cela allait se finir. Et c’est à cela que j’ai fini par reconnaître la qualité de cet écrit. En analysant ce qu’il me faisait ressentir. Ni dégoût ni surprise envers Jeanne. Une compréhension, une acceptation. Cette réalité est la sienne, pas la mienne. Je ne peux que l’accepter et l’aimer avec sa colère et sa culpabilité, sa rancœur et son refus de pardonner.

Sa préférée est un roman qui dit qu’une victime de violence parentale reste toujours une victime : de son bourreau d’abord, d’elle-même ensuite. C’est un roman qui dit que les rêves et les espoirs sont parfois plus forts que les coups, que partir ne change rien. Que la guérison ne peut venir que si on l’accepte. C’est un roman que j’aurais aimé lire « à part », pour l’aimer de suite, pas après réflexion.


« On sait tous que les paroles ne sont pas forcément la vérité, mais qu'elles peuvent modifier la réalité. Définitivement. Radicalement. L'avant et l'après. L'avant, rassurant. L'après, vertigineux.»

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