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Serge

Yasmina Reza

Comment définir ce court roman ?

J’avoue que cette lecture m’a désarçonnée car je ne savais pas comment la comprendre, comment la raconter. Et c’est arrivée à la toute fin, et après un temps de réflexion (et de digestion ?) que j’ai finalement saisi.

La mère du narrateur meurt. Doucement, sans beaucoup de bruit. Comme elle a vécu depuis la mort de son mari, presque. Et suite à ce décès, Jean nous raconte sa vie de famille, son père bourru, sa mère fantasque, son grand frère Serge, l’original et sa petite sœur Anne, le trésor de la famille. Chacun à sa place, chacun fidèle à son rôle.

Jean nous parle des conflits d’une famille, de la progression d’une famille, des origines d’une famille, des liens d’une famille. Ces liens qui même mis à mal persistent, tiennent, sont peut-être fragilisés mais ne cèdent jamais. La fratrie, unie dans la joie, le chagrin, la peur, le souvenir. Cette fratrie qui, suite à la perte de la maman décide d’assumer le judaïsme et ce qu’il a engendré d’horreur en se rendant à Auschwitz. Cette fratrie qui se rend compte de ses dysfonctionnements, de ses erreurs, qui prend le risque de se fracturer face à l’indicible malheur auquel ils ne se sont pas intéressés enfants.

« Serge » ne parle pas d’une personne, mais d’un élément dans une famille, un maillon dans une fratrie, le premier, le plus fort ? Pas sûr. Mais en tous cas, un maillon essentiel, comme tous les autres, pour que la chaîne soit une chaîne, pour que 1+1+1=1. Serge, Jean, Anne, trois personnes, un tout.


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