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Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu’un

Benjamin Stevenson

« La vraie famille, ce n'est pas celle dont le sang coule dans tes veines, mais celle pour laquelle tu es prêt à le verser.»

C’est l’hiver en Australie. Ernest rejoint sa famille dans une station de ski. Il n’a pas tellement le choix, il a été convoqué par sa tante et cela fait plus de trois ans que tout le monde n’a pas été réuni. Pour cause : le frère aîné d’Ern lui avait demandé un coup de main pour enterrer un corps et le cadet l’a dénoncé aux forces de l’ordre. Michael est sur le point d’être libéré et c’est dans la station de Hotham Heights qu’il va retrouver tout le monde, y compris celui qui l’a trahi. 

Mais le matin du jour J, un cadavre est retrouvé dans la neige. Il est tout noir de cendre, a des traces suspectes sur le corps et personne ne le connaît. L’agent de police Crawford, qui semble avoir deux pieds gauches, est celui qui arrive le plus vite sur place et il semble désemparé. Il faut dire que la famille Cunningham dans son ensemble a beaucoup fait parlé d’elle : Michael a été condamné pour avoir tué un ancien flic, Robert - le père des garçons - a lui-même abattu un agent en fonction avant d’être supprimé ; Sofia, leur demi-soeur, est en procès après qu’elle a raté une intervention chirurgicale et laissé mourir son patient ; Katherine, leur tante, a eu un très grave accident de voiture qui a couté la vie à sa meilleure amie. Quant aux autres, ils ont également leurs secrets, tous plus ou moins liés à Robert et à Michael. 

L’hôtel se vide alors que la tempête fait rage et la famille Cunningham se retrouve seule au sommet de la montagne, avec Juliette, la propriétaire des lieux, bien décidée à aider Ernest à découvrir l’identité du cadavre et les causes de sa mort. 

Dans un huis clos de plus en plus réduit, l’auteur de méthode pour écrire des romans policiers se retrouve petit à petit à mener l’enquête auprès de sa propre famille et à dévoiler le passé dissimulé de chacun d’entre eux, à remettre en ordre les pièces du puzzle jusqu’à reconstruire la macabre vérité, dans une bibliothèque où brûle un feu de cheminée… 


«… les gens utilisent souvent l’expression « je dis ça, je dis rien » quand, en réalité, ils disent tout.»

J’ai enfin pris le temps de lire cette première aventure d’Ernest Cunningham, que j’avais rencontré dans “Tout le monde dans ce train est suspect”. J’ai aimé ce ton sarcastique, plein d’humour, qui s’adresse directement au lecteur qui est considéré par le narrateur comme faisant partie intégrante de l’intrigue. 

Se basant sur le décalogue de Ronald Knox (les 10 lois qui codifient les intrigues des nouvelles et romans policiers), Stevenson construit une enquête digne à la fois d’Agatha Christie et d’Arthur Conan Doyle, faisant la part belle aux mystères, aux secrets, au huis clos et à la capacité de déduction de ses protagonistes. Même s’il nous embrouille parfois dans les personnages et le “qui a fait quoi et quand ?”, il finit toujours par nous rattraper par la main pour nous indiquer le chemin à prendre et à nous le dire clairement. 

Nous surprenant tant par son ton que par les nombreux rebondissements de l’affaire qui doit être ici élucidée, on est aussi glacés par l’environnement, peu habitués que nous sommes à entendre parler de neige (et encore moins de tempête de neige) en Australie ! Cela ajoute au dépaysement et à la capacité de l'auteur de nous déconnecter de l’ici et maintenant pour mieux nous capturer dans son univers et son enquête. 

Un roman policier qui nous embarque, nous fait (sou)rire, nous surprend, nous interpelle et nous questionne aussi sur la famille : celle dont on vient, celle que l’on construit et celle que l’on veut. On n’est pas que notre nom, on est aussi ce que l’on réussit à en faire.


 «… peu importe que vous ayez cinq ou trente-cinq ans, quand votre grand frère vous dit qu’il va tout arranger, vous le croyez. Encore une fois, la gravité des liens du sang.»

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