Hier soir, grosse conversation sur les centres d’intérêts. Gros désaccord aussi sur la place trop grande que je donnerais à la lecture et à mes livres. Du coup, grosse réflexion.
En ce moment, j’ai un peu beaucoup de temps. Du coup, je rattrape à mon rythme le reste du monde sur la connaissance de séries sur Netflix, de podcasts, de sites dédiés sur Internet. Mais je lis aussi beaucoup plus. Et dans une conversation à bâtons rompus, je m’entends dire que les livres, c’est comme Stranger Things ou StarWars. A priori, si on ne lit pas, on ne s’y intéresse pas. Pire : c'est chiant.
Cette remarque a eu un effet détonnant sur moi, je dois le dire, parce que je n’avais jamais envisagé la lecture sous cet aspect-là. Alors je me suis interrogée sur le rôle que je lui donnais et sur ce que cela m’apporte de lire autant.
“Trois choses font un savant homme, la lecture, la conversation et la rêverie ; l’une enrichit la mémoire, l’autre polit son esprit; et la dernière forme son jugement.” G. Elgozy
Saviez-vous qu’il existe une technologie qui permet de contrôler l’activité d’un cœur après installation d’une pile ou une transplantation pour permettre au cardiologue d’être alerté immédiatement en cas de problème chez un patient ?
Saviez-vous que les évènements de 1968 dont nous parlons énormément en France avait en fait eu lieu dans d’autres pays et notamment aux USA, pour des raisons à la fois dissonantes et similaires puisque les mouvements ont également été provoqués par les étudiants ?
Saviez-vous que la Guerre d’Algérie avait provoqué l’évacuation de milliers de Harkis et que ces dernières avaient été « parqués » pendant des mois dans des camps au sud de la France et que les réfugiés, pour faciliter leur intégration en France, étaient sommés de donner des prénoms Français à leurs nouveau-nés ?
Saviez-vous que le déluge décrit dans la Bible avait vraiment eu lieu et que le résultat, c’est la Mer Noire ?
Saviez-vous que les champions du monde de la perruque sont les italiens et que les plus beaux et les plus solides cheveux sont ceux des indiens ? que dans certains cultes, il faut se raser la tête et que les cheveux sont ensuite vendus aux perruquiers ?
Ce ne sont que des exemples, ceux qui me viennent immédiatement à l’esprit, à chaud, en jetant un œil aux étagères de ma bibliothèque. des exemples de choses que j'ignorais et que j'ai apprises, au cours de mes lectures...
Pendant le confinement, qui nous a tous bloqués dans nos demeures, forcément on avait plus de temps, et si certains ont éclusés les programmations de Netflix ou d’Amazon Prime (pour ne citer qu’eux), j’ai pour ma part passé beaucoup de temps à lire.
Ainsi, de chez moi, sur mon fauteuil, j’ai eu la sensation, si ce n’est de faire le tour du monde, au moins de voyager loin et tout le temps. De l’Islande à la Chine, en passant par l’Afrique du Sud l’Inde, l’Irak, La Guyane, le Maroc, le Canada, le Burundi…
J’ai été plongée dans l’Algérie d’après-Guerre, dans les années 50 au milieu des Fjords Islandais, pendant la révolution culturelle en Chine, au XIXème Siècle au Mozambique, ou encore dans le quotidien d'un transsexuel en Inde…
Ce que je veux dire, en fin de compte, c’est que la lecture est effectivement un centre d’intérêt, une passion, pour certains comme moi une collection même (je collectionne autant les lectures que les livres en eux-mêmes). Mais que c’est, surtout, un moyen de comprendre, d’apprendre. Alors oui, d’aucun dirait que la fiction « malmène » la réalité et qu’il faut garder à l’esprit que tout ce qui est dans les livres ne reflètent pas la vérité mais il appartient au lecteur de faire son tri et son travail de vérification s’il a un doute.
Mais on peut aussi retenir que celui qui lit à cette possibilité d'évasion interne, cette opportunité non seulement de voyager mais de rencontrer, de comprendre... en ne dépendant de rien d'autre que du temps qu'il consacrera à sa lecture. N'est-ce pas magique d'aller faire un détour à La Renaissance entre le dessert et le café ?
La lecture permet de s’évader, de se protéger aussi.
Je discutais la semaine dernière avec une petite fille de 10 ans qui me confiait ne pas avoir envie de lire les Harry Potter car elle avait eu peur en regardant un des films.
Ce que je disais à ma jeune amie, et qui me revient au moment où j’écris ces lignes, c’est que contrairement à l’écran qui nous impose une vision de l’histoire, des personnages, des situations, la lecture nous permet de construire tout cela à notre guise et dans le respect de ce que notre cerveau (et donc nos émotions) peut accepter.
Avec Harry, effectivement, on est dans la fiction, l’imaginaire à 250%. Ceci dit, les valeurs d’amitié, de loyauté, les affres de l’adolescences et les flirts qui jalonnent la vie des 12-18 ans, tout y est ! Et la petite lectrice pourrait trouver dans les pages de JK. Rowling des clés pour comprendre ce que c’est que d’évoluer au collège et au lycée.
J’ai pour ma part plus été guidée par « E=MC2 mon amour » que par « Hartley Cœurs à vif ».
Je ne fais pas le procès des écrans ici, loin s’en faut. Je suis moi-même assez accro à mon ordinateur et fascinée par toute la somme d’informations que l’on trouve sur Internet. Il n’y a pas de limites, mais justement. Le livre et la lecture offre une structure, une ligne directrice que je n’ai pas forcément sur le web où on passe d’un sujet à un autre tellement rapidement que mon cerveau de presque 40 ans n’arrive plus à suivre.
La lecture et la littérature sont pour moi bien plus qu’une passion, ils sont un canal d’apprentissage et la chance de n'être pas que moi, de n'être pas qu'ici, de n'être pas que maintenant.
Oui, oui, tout ça pour ça.
“Lire est le seul moyen de vivre plusieurs fois.” P. Dumayet
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